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             LES FRÈRES DE SAINT-JEAN-DE-DIEU.                 493

ils se trouvaient hors d'état de travailler pour vivre. Avant cette
institution , ces pauvres convalescents rentraient dans leurs
familles déjà si appauvries par la privation de leurs gains
journaliers! Ils y venaient ajouter une charge de plus à une
si grande somme de misère , laissée derrière eux en entrant
à l'hospice, et ouverte devant eux en en sortant.
    Une pieuse et noble dame avait compris un tel malheur,
et, pour compléter l'œuvre de Marie de Médicis , elle se hâta
de fonder cette utile maison ; ce qui eut lieu par contrat du
30 mars 1650, en faveur des Frères de la Charité.
    Dame Angélique de Faure, veuve de Claude de Bullion,
surintendant des finances , garde des sceaux et président à
mortier, est la fondatrice , longtemps ignorée de cet hôpital.
Son humilité avait interposé un autre nom que le sien dans
l'acte de fondation. On rapporte que M. de Bullion, son
mari, ayant fait frapper, en 1640, les premiers louis qui
 aient paru en France, imagina de donner un dîner à cinq de
ses courtisans, et fit servir au dessert trois bassins pleins des
 nouvelles espèces, disant à ses convives d'en prendre autant
qu'ils voudraient. Chacun , dit la chronique , se jeta avide-
ment sur ce fruit nouveau, en remplit ses poches et s'enfuit
avec sa proie sans attendre son carrosse. Il est probable que
la vertueuse intendante eut son lof ; mais pour racheter la
honte de cette prodigalité, alors que les autres convives ou-
 bliaient leurs carrosses, elle sut ne pas oublier ses pauvres.

                                V.

   Il est des naufrages où tout s'abîme ; il en est d'autres où
l'équipage se conserve encore quelques débris. Tout sombra,
pour cet ordre ; la mer en démence engloutit personnes et
biens, dans la tourmente de 89 à 93.
   Cependant, vingt-neuf ans après ce sinistre, à la faveur