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296              LES DEUX. DESHOULIÈRES A LYON.
                                         .
fit avec ses trois compagnes une excursion dans le Forez
où elle séjourna chez des personnes de leur connaissan-
ce ( 1 ). Elle dut y voir le célèbre auteur du Sonnet de
l'Avorton, qui lui avait enseigné l'art des vers ; car on sait
que ce poète, peu favorisé des dons delà fortune, avait obte-
nu, grâces à la protection de Fouquet une recette dans le
Forez (2). Rien ne nous apprend si nos voyageuses firent un
long séjour dans la patrie des Trellon et des d'Urfé, et nous
ne saurions dire si, avant de passer le Rhône, elles s'arrêtè-
rent plus ou moins dans la cité qui vit naître Louise Labé et
Madame Recamier ; toutes nos recherches sur ce point ont
été infructueuses ; cependant nous ne serions pas éloigné de
croire qu'elle dut y visiter le P. de Lachaize , alors recteur
du collège de la Trinité (3), Madame Antoinette d'Ailly de
Péquigny de Chaulnes, abbesse de Saint-Pierre (4), et un ri-

   (1) Voyez l'Éloge historique des deux Deshoulières (extrait d'uu Mémoire
inédit de Laboissière de Chambord), en tête de leurs Poésies. Paris, 1747,
2 v. petit iu-12.
   (2) Vers le milieu du XVIIIe siècle, Desforges-Maillard, « de l'Hélicon ce
« triste hermaphrodite, » résida trois ans à Montbrisoh, où il remplit < une
                                                                        <
« occupation, utile à la vérité, mais embarrassante et peu compatible avec
« le badinage des Muses. » Lorsqu'il publia ses premiers ouvrages sous le
nom de Mlle Malcrais de La Vigne, Voltaire, dupe de l'imposture, lui adressa
une épitre dans laquelle il lui disait :
                   Toi
                   Qui sais si bien associer
                   Et la science et l'art de plaire,
                   E t les talents de Deshoulîère,
                   E t les études de Dacie'r

   Voyez les Å’uvres de Desforges-Maillard, Amsterdam (Paris\ 1759, t. 1,
p. xxx, et tome 2, p. 92.
   (5) Le P. de Lachaise était Provincial des Jésuites de la province de Lyon,
où il avait longtemps professé la philosophie et la physique au collège de
celle ville, lorsqu'il fut nommé, en février 1675, confesseur du Roi.
   (4) Mm* de Chaulnes avait succédé, comme abbesse de Saint-Pierre, à
  me
M Anne d'Ailly, sa sœur, décédée le 4 février 1672. Elle reçut, vers la fin