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27(5 ÉTUDE SUR BIAISE PASCAL. ouvrage pour la défense du Christianisme que nous retrouverons tout à l'heure. Sur ces entrefaites éclata la querelle du jansénisme. Jansénius, évêque d'Ypres, et Saint-Cyran, directeur de Port-Royal, avaient cru trouver dans saint Augustin une opinion sur la Grâce dont ils eussent pu très-légitimement revendiquer la gloire. Cette opinion attribuait à la Grâce une action prépondérante qui ané- antissait le libre arbitre, et était par conséquent une hérésie. Mais cette hérésie couverte du nom de saint Augustin, soutenue par le savoir et l'activité de Jansénius et de Saint-Cyran, fit son chemin dans le monde, et s'établit à Port-Royal sans qu'aucune réclamation s'élevât. Les habitants de Port-Royal acceptèrent sans défiance une théorie qui leur venait de leur directeur ; ils furent même charmés d'avoir une doctrine qui leur fût propre. L'habitude les attacha insensiblement à cette erreur. L'orgueil acheva ce que d'autres motifs avaient commencé, et ne leur per- mit pas de croire que leur piété et leur savoir pussent errer. C'était pourtant une erreur considérable que celle qui anéan- tissait la responsabilité humaine, et qui reproduisait sur la Grâce l'hérésie de Luther. Aussifinit-ellepar être reconnue. Les jésui- tes qui, depuis l'origine, s'étaient attribués la mission de défendre l'Église contre les sectes, et auxquels leur crédit à Rome, leurs relations immenses, leur clientèle de rois et de grands seigneurs, le savoir de leurs théologiens, et jusqu'aux luttes qu'ils avaient soutenues et les haines qui les poursuivaient, donnaient une grande autorité, devaient prendre l'initiative contre le jansénisme, et la prirent en effet. Un contraste à noter ici, c'est que les jésuites qui défendirent le libre arbitre étaient précisément de tous les ordres celui où l'obéissance passait pour être la plus sévère et la plus complète, et que les jansénistes qui, par leur talent, leur influence, l'indépendance de leur esprit comme celle de leur vie, étaient faits pour goûter la doctrine du libre arbitre, étaient justement ceux qui l'immolaient à la Grâce. Les Jésuites et les solitaires de Port-Royal se trouvaient de- puis longtemps rivaux d'opinions et d'influence ; aussi les atta- ques des premiers ne convertirent point les seconds, et ceux-ci