page suivante »
NÉCROLOGIE. 239 quelques-uns des principaux chefs furent invités à un banquet donné en leur honneur par nos notabilités, et l'une d'elles en- gagea sérieusement Castellan à s'y rendre et à vouloir bien ap- porter un couplet pour la circonstance. Castellan, comme on le pense bien , n'eut garde de prendre part à cette fête, mais il en- voya le couplet demandé, couplet que sa crudité ne nous permet pas plus de citer ici qu'elle ne permit de le chanter alors. Castellan écrivit quelques notices sur des Lyonnais dignes de mémoire. Notre Revue lui doit la biographie du docteur Bouchet et d'intéressantes révélations sur Napoléon à Lyon et sur l'ad- ministration de Pons (de l'Hérault) dans notre ville. Castellan , après avoir cédé à son fils la direction de sa maison de commerce, .entra dans la fabrique de drap-feutre qu'avait élevée à Paris un de nos compatriotes, M. Depouilly. En 1848, il fit partie du Comité exécutif, et il y apporta son honnêteté et sa modération. Quand on eut décidé cette ridicule mesure que l'on reproche à tous les partis vainqueurs, le changement de noms de certaines de nos rues et places , c'est lui qui fut chargé de ce nouveau baptême pour la commune de la Guillotière ; aussi donna-t-il de suite le nom de son ami Béranger à la place Louis xvi. En 1849, il devint, à la mairie de Lyon, le secré- taire de M. Réveil, et cessa ses fonctions lorsque le 2 décembre eut placé dans les mains du préfet du Rhône la plupart des attributions municipales. Chose singulière , l'homme qui reflétait dans ses yeux efsur ses lèvres, comme dans ses couplets, l'esprit le plus caustique , l'humeur la plus frondeuse, portait le cœur le plus aimant et le meilleur ; il aima, comme il en était aimé, sa nombreuse famille à laquelle il communiqua ses goûts artistiques ; et, le jour des obsèques de sa mère, on fut obligé de l'emporter évanoui de l'é- glise où se célébrait le service mortuaire. Ami dévoué, jamais il ne se rappella les torts qu'on avait pu avoir envers lui ; aussi, le jour où il fallut rendre à la terre ses derniers restes, un long cortège les suivit-il avec tristesse recueillement et jusqu'au champ du repos. LÉON BOITEL.