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-ypz* 202 DE LA FOLIE. voir : cette double autorité du savant spécial et du penseur, qui donne tant de poids à l'œuvre elle-même. Je vais donc seulement hasarder quelques idées sur les données générales de cette exposition de doctrine. De toutes les infirmités qui peuvent aflecler notre pauvre nature, la Folie est sans contredit la plus effrayante , la plus humiliante et la plus mystérieuse. Affection complexe de l'Es- prit et de la Chair, elle donne le change à la pensée et dé- route les invesligations de la science : mal moral . elle échappe souvent, dans sa cause première, à l'observateur qui n'est que physiologiste : mal physique, elle échapppe souvent aussi, d'autre part, dans sa cause occasionnelle , à l'observateur qui n'est que philosophe. Que résulte-t-il de celte double méconnaissance des uns et des autres?.. Deux erreurs également funestes, l'une à l'Es- prit, l'autre au Corps ; car c'est alors, ou le matérialisme ab- solu qui supprime l'esprit, ou le spiritualisme , également absolu, qui brutalise le corps. Pour les premiers, la folie est une fatalité toute machinale ; pour les seconds, une fata- lité toujours incurable. C'est contre cette double erreur qu'est dirigé le travail de M. Flourens. La folie peut être souvent prévenue comme sou- vent elle peut être guérie ; elle peut donc dépendre de la vo- lonté autant qu'elle relève de la science. Cette conclusion , aussi précieuse pour le moraliste que pour le médecin, donne à juger du mérite et de l'utilité de l'œuvre. Exposant d'abord l'historique de cette science, M. Flourens nous apprend que les Anciens avaient des idées fort justes sur la folie. Hippocrate, quoiqu'incidemment, il est vrai, y avait appliqué sa raison supérieure ; Arétée et Cœlius Aurélianus l'ont très-bien décrite, et Gallien l'a traitée en physiologiste habile.