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DISCOURS DE M. EICHHOFF. 129
par une baguette magique, signalés par un malin sourire,
personnifiés surtout par de brillants portraits, tout palpitants
d'intérêt et de vie; portraits recueillis à la fois dans les pro-
ductions lés plus diverses, dans l'épopée classique, dans la
chronique barbare, dans les contes des trouvères, dans les
légendes dés cloîtres. L'empereur Charlemagne et ses fiers
paladins, Roland, Renaud, Olivier, Astolfe ; le roi Agramant
et ses guerriers superbes, Rodomont, Mandricard et l'héroïque
Roger; la gracieuse Angélique, l'indomptable Marfise, la
noble et généreuse Bradamante, entourées de leur mouvante
escorte , offrent des milliers de traits épars dans la litté-
rature ancienne et moderne , des milliers de souvenirs de
toute époque, et s'élèvent cependant, comme des êtres com-
plets , à une individualité puissante, originale, qui fixe et
perpétue leur existence. Les aventures multipliées qui s'en-
trelacent et se déroulent sans cesse dans le cours de ce vaste
poème, les épisodes dont il est parsemé, les brillantes
comparaisons qui le relèvent, les tableaux animés qui le di-
versifient , en font le résumé le plus complet et le plus at-
trayant qui existe de l'ensemble de la vie humaine dans ses
innombrables contrastes.
Le Roland Furieux avait été la satyre ingénieuse du
moyen-âge, la Jérusalem Délivrée fut sa brillante apologie.
Après avoir montré la vanité des tendances et des passions
humaines dans les poursuites d'une vaine renommée et d'une
félicité insaisissable , il restait à montrer leur héroïsme dans
la défense d'une sainte et noble cause. Une âme sincèrement
religieuse, éminemment sensible, noblement enthousiaste ,
un esprit pénétré des plus parfaits modèles , un sens exquis
d'harmonie poétique et de vérité descriptive, pouvaient seuls
atteindre ce but de réhabilitation victorieuse. Le Tasse réu-
nissant en lui toutes ces ressources, doué par la nature de toutes
ces qualités, choisit, avec un rare bonheur, le sujet le plus
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