page suivante »
DISCOURS DE M. EICHHOFP. 127 pentanteset résignées deCasellaetd'Oderis, encore épris des arts qu'ils aimèrent sur la terre; et bientôt l'attitude noble et grave de Sordel de Mantoue et de Marc de Venise donne un élan nouveau à son patriotisme, une amertume nouvelle à ses plaintes contre la race de Hugues Câpet, si funeste à sa chère Italie. Enfin, l'âme épurée de Stace l'accompagne aux bosquets d'Eden, au séjour de l'antique innocence, où, frappé de repentir, l'âme émue et tremblante à l'aspect des mer- veilles qui l'entourent, il lit enfin le pardon de ses fautes dans le sourire céleste de Béatrice. Désormais attaché à ses pas et s'élevant avec elle de sphère en sphère, de béatitude en béatitude, à travers les régions ôtoilées, il contemple dans l'empirée les âmes bienheureuses des hommes justes ; il y trouve les bons princes et les vrais patriotes, et rappelle à Florence les vertus qu'elle n'a plus ; il y trouve les docteurs et les sages, et s'abreuve des délices de la seience; il y trouve les martyrs et les saints, et s'en- flamme des ardeurs de la foi. Son âme, affranchie de ses liens, va s'unir aux chants sacrés des anges, aux voix mystérieuses de l'avenir, quand enfin, une dernière extase, lui révélant la gloire de Dieu même, le rejette, muet et résigné, sur cette terre d'exil et d'épreuves. Tel«st le poème admirable du DaRte, telle est cette œuvre dont l'influence immense a assuré à l'Italie, dès le début du quatorzième siècle, le sceptre incontesté de la littérature. Bientôt Pétrarque sur sa lyre mélodieuse excita les tendres émotions, pendant que Boccace, le charmant conteur, réveil- lait les esprits par sa verve caustique, et que l'austère et loyal Villanî rendait à l'histoire sa noble indépendance. A leur suite, une légion d'érndits explorent l'antiquité trop long- temps oubliée, et les Grecs, bannis de leur patrie après la conquête musulmane, en rallument de toutes parts le flam- beau. Florence devient au XVe siècle le centre du goût, de