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116 PÉLOPONÈSE. longtemps pour que ses cheveux deviennent blancs comme ce coton. La mère me remercia avec effusion, et ajouta : vous aussi, devenez vieux ; que vos cheveux blanchissent à force d'âge , et parmi les longs jours que je désire pour vous, qu'il n'en soit pas de mauvais. II. MANTINÉE. Tripolitza est à une heure environ du bourg de Sténo. Avant d'y aller , je fis un long détour sur ma droite pour traverser la plaine de Mantmée et visiter l'emplacement de ses ruines. Cette plaine est étroite , longue, d'un aspect sévère -, de temps à autre cependant l'aridité du sol est interrompue par un bosquet ver- doyant, sous lequel se cache une chaumière, et par quelques espa- ces cultivés qui font pressentir l'homme dans ce désert. De hautes montagnes, aux cimes bizarrement découpées, environnentla plai- ne de tous côtés ; on dirait l'immense et long ovale d'un gigan- tesque amphithéâtre. Cà et là quelques mamelons arrondis, adossés au pied des montagnes , sont recouverts d'une bruyère aux reflets chatoyants. Cette plaine aride, ses torrents sans eaux , ces monta au flanc nu, c'est l'Arcadie, cette riante et fertile région des pâtres et des tnoupeaux. Rien n'y rappelle au- jourd'hui les gracieuses descriptions qu'en ont fait les poètes anciens, ni les naïves épisodes qu'ils ont chantées. Que sont devenus ses pâturages si verts , ses bosquets propices aux amours, ses sources fraîches et cachées ? Les chansons des pas- teurs , les accords de leurs champêtres instruments ne réjouis- sent plus les airs ; les échos ne sont plus ébranlés que par les coups de fusil du clephte qui chasse ou qui se bat, repercutés de rocher en rocher. Tout ce passé n'est plus qu'un souvenir poétique qui charme notre imagination. Je retrouvai cependant un reste vivant des anciennes tradi-