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                     LES TOURISTES A ROME.                    63

  pour s'instruire. Malheureusement, les idées anti-artistiques,
  colportées par les étrangers, font des partisans parmi les
  romains. On crie sur tous les tons possibles que les rives du
  Tibre sont horriblement laides, qu'il faudrait détruire les
  masures qui les bordent, construire des quais, des maisons,
  et régénérer ces vieux quartiers qui se baignent dans le fleuve.
  On fait résonner bien haut les mots de progrès, industrie,
  chemins de fer, ponts suspendus, etc. Ces idées gagnent du
  terrain, malgré les résistances artistiques; et si Mazzini et
  consorts n'avaient pas ruiné le pays, nous verrions proba-
  blement le mouvement faire des conquêtes et tendre à changer
  la physionomie de Rome, aux grands applaudissements des
. touristes et des commis-voyageurs.
     Hélas! beaucoup de Romains n'avaient que trop entendu
  ces appels au progrès. Ils ont cru bravement entrer dans la
  bonne voie, en assassinant le malheureux Rossi, en chassant
  le pape, en proclamant une république impossible, en fondant
  les cloches et pillant les églises. Ils savent maintenant aussi
  bien que nous ce que coûte le règlement des comptes d'une
  république désordonnée. L'unique avantage du règne de
  Mazzini, c'est que l'industrie créée par lui, la fabrique en
  grand du papier-monnaie, a pour le moment appauvri le
  pays, et éloigné par conséquent celte époque de progrès ma-
  tériel redoutée par moi. J'espère donc que le mouvement
  industriel ne profanera pas de sitôt les grands souvenirs de
  cette terre sacrée, et que Rome pourra conserver, quelque
  temps encore, sa physionomie solennelle et originale.
     Combien mes opinions doivent paraître ridicules à tous
  ces prétendus amis du progrès, qui, la bouche remplie de
  phrases creuses et sonores, refont l'homme, la société et les
  lois de la nature! Je terminerai en mettant en scène un
  de ces illustres réformateurs, et je me permettrai de rire de
  sa stupide platitude. Lors de mon dernier voyage, 1850, je