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                    LES TOURISTES A ROME.                       49

 pour passer de l'une à l'autre, n'auront pas la plus légère
 idée de la scène véritablement imposante dont j'ai essayé de
 donner une esquisse, mais n'importe, on aura vu un très-
petit côté de la funzione, et on sera satisfait. On racontera
en détail les toilettes des douze apôtres auxquels le pape lave
 les pieds, et on vantera les offices de la chapelle Sixtine, dans
laquelle les hommes, obligés de rester sur leurs jambes, souf-
frent un martyre de plusieurs heures, se disputent, se battent
même, comme dans un parterre debout, et sortent de là
 exténués de fatigue. Je me souviens d'avoir été félicité bien
sincèrement sur mon absence par des Français qui revenaient
de la Sistina, et qui, sous l'influence d'un supplice excessi-
 vement prolongé, étaient guéris de l'admiration traditionnelle
des touristes pour les cérémonies pascales de la chapelle il-
lustrée par Michel-Ange. Ce tohu-bohu n'est pas étonnant
quand on songe que la partie réservée au public ne peut con-
tenir qu'une centaine de personnes, et que plus de la moitié
est destinée aux dames munies de billets distribués dans
toutes les ambassades. En outre, la plupart des membres de
l'assistance ne sont que des curieux, qui n'apportent avec
eux aucune idée religieuse. On ne sera donc pas étonné, au
milieu de cette foule d'Anglais, de Français, d'Allemands, de
Busses, véritable BabeJ, d'entendre une multitude de mots
accentués par l'impatience, et dont la traduction ne se
trouve pas dans les dictionnaires. Un Beligieux français, éta-
bli à Rome, et qui lui-même figurait dans la cérémonie du
lavement des pieds, en 1847? m'avait prévenu du peu de re-
cueillement des étrangers et du tumulte qui en est la con-
séquence. Je savais parfaitement à quoi m'en tenir, et je ne
me serais pas fourvoyé au milieu de cette cohue.
    Ce qui me surprend toujours, c'est d'entendre des gens
très-fervents catholiques, parler des émotions que fon^
éprouver les cérémonies de la Semaine Sainte. Je dirai
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