page suivante »
48 LES TOURISTES A ROME. tone qu'on puisse imaginer. Si ce divertissement ne durait qu'un jour ou deux, ce serait un petit intermède qui ajou- terait un peu de couleur locale sur la palette de l'artiste, et l'on ne serait pas ennuyé par le spectacle des mêmes farces répétées dix jours de suite. Quant à ceux qui sont attirés dans la ville papale par la semaine sainte, je les diviserai en deux catégories : les hom- mes mus par un sentiment religieux, elles touristes qui, n'apportant que de la curiosité, seraient aussi bien arrivés pour le carnaval. Les cérémonies de la semaine sainte ne sont qu'un des nombreux épisodes de la vie romaine. Beaucoup d'autres fêles présentent le même intérêt et ont le grand avantage de ne pas durer une longue suite de jours, qui or- dinairement engendrent la satiété et l'ennui. Ce qui est le plus fait pour émouvoir et satisfaire en même temps le sen- timent du chrélieu et de l'artiste, est certainement la béné- diction urbi et orbi, donnée par le Saint-Père, du haut de la basilique du Vatican. Le coup d'œil de la place monu- mentale de Saint-Pierre, occupée par la foule et les troupes, l'encadrement de la scène, le bruit des cloches et du canon du château Saint-Ange, le pape porté sur la sedia, entouré de sa/cour, se levant debout pour bénir, et faisant entendre distinctement sa voix au milieu du silence des assistants, tout est mis en œuvre pour rendre la cérémonie extrêmement imposante, et elle l'est réellement. Eh ! bien, c'est justement celle partie du programme qui échappe au touriste, ou du moins dont il ne jouit que très-imparfaitement. En effet, retenu dans l'église pour voir toutes les petites phases de la fête, pour suivre le pape ' dans ses diverses stations, pour acompagner sa femme qui bâille dans les places réservées seu- lement aux dames, il peut à peine arriver sur le parvis de l'église en jetant un coup d'œil sur la place. Les femmes parquées dans les estrades privilégiées et ne les quittant que