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44 LES TOURISTES A. ROME. voiture , commence son itinéraire par la première page , et finit par la dernière. Alors il a aiteint son but, sa conscience est satisfaite , et il peut partir. Demandez-lui s'il a visité telle ou telle localité, il tire son livre de sa poche , il cherche l'en- droit en question , et vous montre'une marque au crayon. Si vous exigez quelques renseignements, ce n'est plus son affaire; cela ne le regarde pas. Il était venu à Rome avec l'intention, consciencieusement arrêtée, d'aller partout où l'on peut aller, et il a rempli son devoir. En quelques jours il n'est pas une église , pas une galerie, pas un monument qu'il n'ait visité , et, si vous en doutez, il vous montrera les innombrables croix faites sur son Guide de l'étranger. J'ai plusieurs fois rencontré de ces originaux. À mon dernier voyage, me trouvant dans les chambres de Raphaël, je vis entrer un jeune Anglais , portant son livre et suivi de son cicérone. Jl demandait à ce dernier la place de chaque tableau décrit par son Guide, et, aussitôt la réponse reçue , il faisait sa marque au crayon , et passait à un autre objet. Vous concevez que, s'il se fût rendu compte lui-même du sujet expliqué par le livre , son esprit eût beaucoup trop travaillé, et que son temps eût été dépensé avec une inutile prodigalité. Il resta un bon quart-d'heure , au milieu de ces admirables fresques, après avoir noté rigou- reusement chacun des tableaux relatés par la description , et montrés par le cicérone. Le crayon du gentleman était aussi prompt que le geste de son compagnon. En partant, l'honnête touriste jeta un coup d'œil sur son livre, pour voir s'il n'avait rien omis, et, l'exactitude constatée, il quitta le camere avec le calme d'une bonne conscience. Il avait probablement, dans la même séance , visité les immenses galeries statuaires, le musée étrusque et égyptien, la bibliothèque, les tableaux, la chapelle Sixtine et la chapelle Pauline, la salle royale, lasalle ducale, etc.Voir toutes les richesses du Vatican dans une jour- née, ou plutôt en quelques heures, quel admirable lourde force!