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22                  GÉRARD DE ROUSSILLON.
s'en étonner, après l'accusation que les Bénédictins ont portée
contre les chanoines comtes de Saint-Jean de Lyon, d'avoir
vendu jusqu'aux manuscrits dont la piété des siècles avait en-
richi leurs archives.
    La Mure ajoute que « les documents de l'Église de Saint-
Etienne apprennent que ce fut du temps de Charles, roi de
Bourgogne, que cette nappe riche et curieuse fut offerte et don-
née à saint Remy, le 8 des ides de novembre, par Berthe, qui
ne prend que le simple titre de comtesse, comitissa. » Cet his-
torien, le P. Menestrier et tous ceux qui sont venus à leur suite,
n'ont pas mis en doute que cette comtesse Berthe ne fût la fille
de Pépin, roi d'Aquitaine, fils puîné de l'empereur Louis-le-
Débonnaire. C'est encore au nom multiple de Gérard qu'il faut
renvoyer cette erreur. Les chroniques parlent en effet d'un comte
Gérard, gendre de Pépin, 1 er du nom, roi d'Aquitaine, mais ce
Gérard était comte d'Auvergne, et il fut tué en 841, à la bataille
de Fontanet. Si Berthe eût appartenu à la race impériale, les
monuments dans lesquels parait son nom n'eussent pas oublié
de révéler cette illustration par quelque épithète spéciale. C'était
le style vulgaire d'une époque où la naissance constituait une
valeur trop réelle pour que l'on négligeât de la rappeler.
Les historiens modernes l'emportent donc à cet égard sur les
 anciens romanciers qui ne lui donnent pour père qu'un simple
comte de Sens, nommé Hugon. Quoiqu'il en soit, la famille de
 Gérard et de Berthe s'éteignit avec eux, ou du moins avec leur
 fille Éva dont la destinée est restée inconnue. C'est l'opinion
 formelle de nos principaux historiens, et nous ne citerons que
 pour mémoire celle des généalogistes qui donnent pour mari
 à cette princesse un seigneur de Chaugy, auteur présumé de
 la maison, connue beaucoup plus tard en Bourgogne, sous le
 nom de Chaugy -de-Roussillon.

                                 ALFRED DE     TERREBASSE.