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                     GÉRAHD DE ROUSSILLON.                         17
contré et cerné dans un village par les hommes de son compéti-
teur. Ils mirent le feu à la maison où il s'était réfugié, et, l'ayant
contraint d'en sortir, lui coupèrent la tête et jetèrent dans les
flammes son cadavre mutilé. A la nouvelle de cet attentat,
Charles entra dans le Berry. Tout fut abandonné à la fureur du
soldat, personnes et choses ; enfin, les ravages furent tels qu'au
témoignage de l'annaliste de saint Bertin, la langue serait im-
puissante à les raconter. Cette expédition n'eut d'autres résultats
que d'affamer et de dépeupler le pays de Bourges , d'où Gérard
et ses hommes ne purent être chassés. Le texte même des chro-
niques laisse supposer que le Comte ne figura pas en personne
dans cette campagne, mais les deux adversaires ne devaient pas
tarder à se rencontrer face-à-face.
    Lothaire II étant mort misérablement en Italie, le 6 août 869,
sans postérité légitime, Charles profita des embarras au milieu
desquels se trouvait son frère et son héritier, l'empereur Louis,
pour s'emparer de sa succession. Il alla se faire couronner à Metz
en qualité de successeur du feu Roi, et se rendit maître du pays
jusqu'à Aix-la-Chapelle. Vainement l'Empereur et le Pape lui
firent-ils représenter, par des envoyés et des légats, l'injustice de
sa conduite, il ne s'inquiéta nullement de leurs réclamations.
Il ne fut touché que de celles de son frère , le roi de Germanie.
Louis, jaloux d'avoir part à la succession de Lothaire, menaça
Charles de lui déclarer la guerre, s'il ne consentait immédiate-
ment au partage des états dont il prétendait s'emparer pour lui
seul.H n'y avaitpas moyen de repousser une ouverture faite en
termes pareils, et les deux frères s'étant réunis aux environs
d'Aix-la-Chapelle, cette indigne spoliation fut consommée le 8 août
870. Les pays situés le long du Rhin échurent à Louis le Germa-
nique et Charles eut dans son lot les contrées qu'arrosent la Saône
 et le Rhône.
   La fidélité héréditaire de Gérard ne se démentit point en cette
circonstance. Il s'efforça de conserver à l'Empereur absent l'hé-
ritage de son frère, mais tout porte à croire que les années
avaient affaibli son bras et qu'il fut abandonné des principaux
Seigneurs fatigués de sa longue autorité. Charles entra sans
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