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                     GÉRARD DE R0USS1LL0N.                         15
 dèles de Charles et des officiers de son palais. Ces chartes se plai-
 sent à exprimer aussi l'affection du jeune prince envers le comte
 Gérard, qu'il appelle son parent, son gouverneur et sou père
 nourricier ; elles témoignent surtout des pieuses dispositions du
 gouverneur qui n'intervient que pour solliciter la libéralité de
 son pupille en faveur des églises, et pour se dépouiller lui-même
à leur profit.
    La mort de Charles, emporté par un accès d'épilepsie, en 863,
sans laisser d'enfants, ne changea» point la situation de Gérard.
Louis et Lothaire furent d'accord en cela qu'ils lui laissèrent le
gouvernement entier des provinces qu'ils s'étaient âprement
disputées. Engagés au loin dans des guerres et des affaires diffi-
 ciles , ils s'en remirent à lui du soin de leurs intérêts, et les deux
moitiés du royaume de Provence restèrent unies sous sa puis-
sante main.
    C'est à cette époque et dans les années qui précédèrent 868,
 qu'il faut placer les fondations du monastère de Poultières et de
la célèbre abbaye de Vezelay, dues à la munificence de Gérard
et de Berthe, sa femme. Déjà dans un âge avancé, ils n'avaient
conservé qu'une Me, nommée Eva, qui s'associa généreuse-
ment à la disposition qu'ils faisaient de leurs riches alleux en
l'honneur de N. S. Jésus-Christ, de la sainte Vierge, sa mère, et
des glorieux apôtres saint Pierre et saint Paul.
    La fondation de Vezelay fut confirmée, en 868, par un diplôme
 de Charles-le-Chauve, souverain de cette partie de la Bourgogne
où étaient situés les deux monastères. Gérard y est appelé son
très-cher et très-aimé Comte ; mais, en dehors de ces formules
 officielles, il laissait déjà percer son inimitié contre l'adversaire
constant de ses ambitieux projets. Le bruit s'étant même répandu
que Charles menaçait d'envahir les abbayes qu'il venait de fon-
der , Gérard crut devoir en écrire au célèbre Hincmar avec
lequel il entretenait d'anciennes relations. Dans cette lettre,
dont l'extrait seul nous a été conservé par Frodoard, le Comte
disait au prélat que si les biens qu'il possédait en France lui
étaient enlevés par le roi, il se verrait forcé de s'en dédommager
sur les biens de France , situés dans son pays. Il entendait par-