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                  BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                    513
ait pu arriver à ce naturel aimable et simple qui lui assigne le
premier rang après La Fontaine !
   Mais cette domination absolue d'un écrivain du grand siècle ne
doit pas plus faire mésestimer qu'elle n'a pu décourager ceux
qui ont essayé de suivre la même route. Ce n'est pas en unjour
qu'on saurait épuiser le vaste trésor d'idées et d'images que l'es-
prit humain peut trouver au dedans de lui-même.
   La ville de Lyon, sans remonter au-delà de 1830, a vu paraî-
tre quatre fabulistes • M. Jacques Orsel, en 1834; M. Alexis
                         •
Rousset, en 1848 ; M. Fleuri Donzel, en 1849, et M. Villefran-
che, en 1852.
   M. Villefranche est le dernier venu, et son recueil est du
 mois de novembre. Si nous ne savions pas que M. Villefranche
est très-jeune encore, nous le devinerions peut-être à ses apolo-
gues, en les comparant à ceux de ses collègues littéraires. Il a,
dans son vers, plus de souci de la phrase, et généralement
moins de cette bonhomie, de ces retours, de ces réflexions que
l'on rencontre parfois chez M. Rousset, par exemple. Le moins
orné des quatre , sauf meilleur avis, c'est M. Orsel ; mais , en
n'apportant pas autant de soin à la forme du récit, il ne perd pas
tout, et la simplicité de sa fable n'est pas dénuée de grâce.
   Ce que je reprocherais aux uns et aux autres , c'est le choix
 de certains sujets ou personnages communs et vulgaires , pour
arriver plus d'une fois à une affabulation sans nouveauté ni
portée ; mais La Fontaine lui-même ne pèche-t-il jamais . de
ce côté-là, par la justesse morale, la vérité et le goût? Ce que je
reprocherais en particulier à M. Villefranche, c'est d'avoir voulu,
dans la 2e fable de son l!e livre, décocher un trait malin contre
un fabuliste moderne, M. Lachambeaudie. Je n'ai certainement
nulle affection pour les idées et les tendances de cet écrivain,
mais il s'agit d'un confrère en apologue ; c'est dès-lors une af-
faire de convenance. J'aurais bien encore à me récrier sur l'é-
trange amalgame d'auteurs que dévore le docte Rat de M. Vil-
lefranche.
  Au reste, il n'y a rien dans le recueil de M. Villefranche qui
manque aux égards que l'on doit à tout lecteur, quand on sait
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