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                   ÉTUDE SUR L'HISTORIEN GIBBON.                 383

 un goût irrésistible vers l'histoire, il voulut d'abord écrire l'ex-
 pédition de Charles VIII en Italie, mais il ne tarda pas à abau-
 donner cette « expédition comme trop éloignée, et comme étant
 plutôt une introduction à de grands événements, que grande et
 importante en elle-même. Il choisit ensuite et rejeta alternati-
 vement la croisade de Richard Ier ; les guerres des barons contre
 Jean et Henri III, l'histoire d'Edward, prince Noir ; les vies et les
 comparaisons de Henri V et de l'empereur Titus ; la vie de sir
 Philippe Sidney, celle du marquis de Montrose, et se décida
 quelque temps pour sir WatterRaleigh(l), » balança ensuite en-
 tre l'histoire de la liberté de la Suisse et celle de la république .
 de Florence sous la maison de Médicis, et donna la préférence
 au premier de ces deux sujets , résolu de l'écrire en français.
 Il en avait tracé le premier livre et se proposait d'aller plus loin,
 lorsqu'il lui vint en pensée de soumettre ce premier échantillon
 à la critique d'observateurs indépendants. Cette épreuve ne fut
 pas favorable à l'essai , et l'impartialité de l'auteur ratifiant la
 condamnation que les juges avaient portée, il livra aux flammes
 les feuilles imparfaites de ce début (2).
    Nous ne savons si l'on doit regretter la perte des divers essais
 que la main de Gibbon a détruits : sa grande Histoire de la
 décadence et de la chute de l'Empire romain a tellement effacé
- tout ce qui reste d'ailleurs de lui, qu'à peine sait-on aujourd'hui
 qu'il avait fait autre chose. C'est donc sur cette composition que
 nous devons nous appesantir, pour connaître et juger l'homme.
 On peut dire que l'auteur s'est peint tout entier dans cet ouvrage ;
 nous y trouverons, en effet,: avec la belle manière de son talent
  original, les trésors de son inépuisable érudition, tous les défauts
  de son esprit, de son caractère, et jusqu'à la teinte qu'il avait
  reçue de la société au milieu de laquelle il vécut.
     » C'est à Rome, au 15 octobre 1764, écrit Gibbon, que rê-
  vant, assis au milieu des ruines du Capitole, pendant que , nus
  pieds, les moines chantaient vêpres dans le temple de Jupiter ,

   \\) Mémoires, pages 147 et 148.
   (.2) Ibid. , page 1S4.