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                  MOLIÈRE,

     ÉLÈVE DE GASSENDI.




    Éclipsée et vaincue par la philosophie de Descartes, la phi-
 losophie de Gassendi n'a eu que d'obscures destinées et une in-
 fluence restreinte jusqu'au temps Où, avec une autre forme et
 un autre nom, sous le patronage de Locke et de Newton, elle
 reprend, au XVIIIe siècle, la faveur et l'empire. Pendant le siècle
 de Louis XIV, elle ne fut en général cultivée et pratiquée que par
 quelques hommes d'esprit et de plaisir, et elle n'a régné que dans
quelques salons suspects de libertinage d'esprit et de mœurs,
dans la société du Temple et chez Ninon de Lenclos. Sauf une
 seule exception que je vais signaler, tous les grands écrivains du
 siècle de Louis XIV, relèvent plus ou moins de Descartes et non
 de Gassendi.
    Gassendi avait lui-même enseigné sa philosophie à quelques
jeunes gens qui se faisaient remarquer par leur verve et leur es-
prit. Mais la plupart furent plus propres à discréditer qu'à re-
commander sa philosophie, par la licence de leurs opinions et
de leurs mœurs. Ils se sont fait plus de renommée par leur
amour des plaisirs, par leurs débauches, leurs goûts aventureux,
leur turbulence, leurs vers anacréontiques, que par leur sagesse
ou leurs travaux philosophiques ; ils ont eu plus de souci de
mettre en pratique la philosophie d'Épicure, ressuscitée par
Gassendi, que d'en approfondir la théorie. Tels furent Chapelle,
Cyrano de Bergerac, Hénault, Bernier. Le plus grave et le plus
savant d'entr'eux, Bernier, auteur d'un abrégé de la philosophie