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538 CHRONIQUE THÉÂTRALE. cier d'avantage. Que de faces diverses dans ce latent plein de souplesse ! Vcyez le doue dans Cicifu ou le Lion amoureux, dans Pas de famée sans feu. dans toutes les pièces enfin qu'il joue en compagnie de Mme Paul-Ernest, ce gracieux talent, ce jeu fin et de bon goût que nous avons le plaisir d'ap- plaudir si souvent et que nous regrettons de ne pas avoir encore salué ici comme il le mérite, comme il l'est chaque soir par le public. LÉON BOITEL. . y M. Aug. Lireux nous donne, dans son dernier feuilleton du Constitutionnel, deux importantes nouvelles qui nous intéres- sent à double titre : M. Emile Augier lisait hier au Comité du Théâtre-Français un drame en cinq actes, dont le principal rôle a été écrit pour M ue Rachel, et qui a produit tant d'effet à la lecture, queïa pièce a été reçue plus qu'à l'unanimité, c'est-à - dire qu'on a trouvé dans l'urne plus de boules blanches qu'il n'y avait de vo- tants. Je ne crois pas qu'il y ait souvenir d'un si grand enthousiasme et d'un pareil résultat. Le théâtre est tout rempli déjà de la nouvelle de cette extraor- dinaire réception. On s'accorde à déclarer que l'auteur de la Ciguë,, de \'A- venturière et de Gabrielle s'est surpassé, et que, par l'œuvre nouvelle, il entre dans la virilité de son talent. Le sujet est d'invention, avec un cadre historique; un intérêt puissant, une sobriété magistrale, une poésie forte et simple, les élans les plus nobles, l'étude originale et toute nouvelle de ce grand homme qu'on appelle Richelieu, un rôle admirable pour M1'0 Rachel, admirable pré- cisément parce que la pièce ne lui est point sacrifiée, voilà ce qu'on a re- connu dans les cinq actes de M. Emile Augier. La pièce aura pour litre Diane; on la jouera avant lafindu premier mois de la prochaine année. — Le lendemain du départ de M lle Rachel, une grande pièce de M. Pon- sard, reçue par le Comité la semaine dernière, sera prête à paraître avec un éclat inusité. M. Ponsard nous a fait une véritable tragédie antique, et per- sonne, certes, n'était aussi propre que lui à cette besogne. On verra uu Ulysse, —le véritable héros de l'Odyssée,— un Ulysse revenant à Ithaque, et toutes les scènes du poème d'Homère dans leur naïveté et leur mouvement : le chœur soutient l'action ; le lyrisme entre par l'ode chantée dans le drame ; une par- tition entière accompagne la pièce : c'est M. Gonnod, le savant compositeur, qui s'est chargé de l'écrire. Certes, la représentation de VUlysse de M. Pon- sard sera l'un des plus curieux spectacles auxquels la Comédie-Française nous puisse faire assister. LÉON BOITEL, directeur-gérant.