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524                     RÉTIF DE LA BRETONNE.
    Par ces prémices, on peut juger d'avance que l'auteur ne reculera devant
 aucune énormité: la mort trouvera place dans son code et même la torture,
 juste au moment où la philosophie obtiendra qu'elle soit effacée de nos
 lois.
    Il divise les filles en trois classes: les filles riches, celles de condition
 commune et les filles de la populace.
    Les filles riches apprendront la danse, la musique, même à lire, jamais a
 écrire.
    Les filles de condition commune pourront apprendre â lire même à écrire
 afin de se rendre utiles au négoce de leur mari.
    Les filles de la populace n'apprendront m' à lire, nia écrire. Elles sont
 vouées au travail manuel.
    Comme tous les despotes, Rétif prend le bon moyen pour consolider l'es-
 clavage qu'il rêve: il impose l'ignorance. Il institue des divertissements dis-
 tincts pour chaque classe de filles, et des fêtes en juin et en décembre. Prix
 de propreté, d'adresse, d'économie, de douceur, etc. Même costume pour
 toutes les classes; la classe basse ne portera jamais la soie, prohibition de
 boucles d'oreilles.
    Un livre noir sera tenu, où sera inscrit le nom de toutes les filles. Ce
 livre contiendra deux colonnes: d'un côté les bonnes actions, de l'autre les
 mauvaises. Il sera déposé dans une chambreue a côté la sacristie. Singulier
rapprochement! Un jury de douze matrones délivrera des prix.
    Le prix de bonne conduite donne droit à être mise sur le rang des filles à
 marier. Les peines consistent surtout dans l'interdiction du mariage pendant
 un an. Les parents du futur pourront consulter le fameux livre noir. La fille
libertine sera enfermée ou passée par les verges, si besoin est, par ses com-
 pagnes, avec peine contre celle qui ménagerait son coup d'y passer sur le champ.
Sous peine de pénitence publique, les jeunes filles et les jeunes garçons ne
 pourront jamais se parler. On mariera les blonds aux brunes et les bruns aux
blondes. Suppression delà dot, comme étant immorale à tous les points de vue.
Dans les campagnes, l'égalité d'âge pour les époux sera admise. Dans le peuple
 des villes, les maris devront être plus âgés que leurs femmes de deux ans, dans
la bourgeoisie de six ans, dans les hautes classes de dix à quinze ans. La
veille de leur mariage, les filles prendront un bain d'une heure et on leur
donnera une idée succinrie de Dieu. Il leur sera Ordonné de se soumettre
toujours et modestement et sans réplique à ce qui sera ordonné par les
hommes en matière religieuse ; on leur inspirera l'horreur des bigots (sic) ; les
confessionnaux seront ouverts et les confesseurs de vieux prêtres. A leurs
risques et périls, les maris pourront eux-mêmes apprendre à écrire à leurs