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490                     DE L'ENSEIGNEMENT

  couru à grandir l'importance des sciences dans l'opinion du
 siècle. Si les lettres et les arts correspondaient mieux aux goûts
 patriciens, les sciences telles qu'elles se sont produites dans le
 monde depuis un siècle, c'est-à-dire les sciences appliquées,
 ont servi d'uue manière plus frappante les intérêts populaires.
    Les sciences se sont donc élevées sur le flot croissant de la
 démocratie ; elles ont gagné dans l'estime publique et dans l'en-
 seignement tout le terrain qu'y gagnait la révolution; elles ont
 affecté pour les lettres le même dédain, la même ignorante in-
 gratitude que la foule prodiguait aux puissances détrônées.
    Elles ont oublié d'abord une chose, c'est que, dans l'histoire de
 l'esprit humain, l'étude du monde matériel est postérieure aux
connaissances morales, c'est-à-dire que les sciences sont pos-
 térieures aux lettres, qu'elles ont été conçues dans le sein des
lettres, qu'elles ont été long-temps portées et nourries par elles ;
qu'à l'époque, appelée un moment, la nuit du moyen-âge,
leurs germes ont été couvés dans les flancs de la philosophie, de
 la théologie elle-même ; qu'il n'y a eu des naturalistes, que par
ce qu'il y a eu d'abord des poètes et des mystiques, et qu'enfin
les vraies découvertes, les inventions vitales, la révélation des
grands principes que la science actuelle ne fait qu'appliquer,
datent, pour la plupart, de cette époque où les savants étaient
des mystiques et des poètes.
    Certes, nous ne voulons contester ni la noblesse de l'histoire
naturelle et de la géométrie ni leur portée dans la science gé-
nérale qui prend le nom de philosophie et qui a Dieu lui-même
pour fin. Toute philosophie a besoin de la physique ; mais à la
condition de la tenir subordonnée comme les ressorts visibles
de la création sont subordonnés à l'âme qui les dirige. Il serait
insensé de discuter la grandeur des sciences en elles-mêmes ; il
ne peut être ici question que de leur valeur relative comme ali-
ment de l'intelligence et en particulier comme moyen d'édu-
cation.
  Chacune de nos connaissances doit être jugée moins sur ce
qu'elle nous enseigne de la nature des choses extérieures, tou-
jours si obscures pour nos regards bornés, que sur l'accroisse-