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ET DES SEGUSIAVI JLIBERI. 371 des Bourguignons qui occupèrent nos pays, nous offre un ma- nifeste témoignage. Le P. Menestrier répondit à Collet que les peuples qui étaient à l'occident de la Saône étaient les Segusiens. et que les Helvé- tiens occupaient l'orient de cette rivière, c'est-à -dire toute la Bresse et la Bombes ; soutenant, au surplus, comme il l'avait fait dans son Histoire de Lyon, que la liberté des Segusiens était bien plus fondée sur leur commerce que sur le droit de la co- lonie qui y fut établie dès le commencement de la domination romaine. Dans sa première lettre , le P. Menestrier, tout en ré- pondant à Collet, attaque avec une aigreur inouie M. de Neuvé- glîse qu'il traite (L'ignorance grossière dans ses thèses historiales. M. de Neuvéglise, de son côté, cherche à démontrer l'erreur de Collet et celle du P. Menestrier , et soutient, entr'autres choses, que la Bresse avait été occupée, non pas par les Segusiens ni par les Helvètes, mais par les Insubres, qui étaient, disait-il, voisins des Helvètes. A l'appui de son opinion, M. de Neuvé- glise invoquait le passage du discours pour Cornélius Balbus, n° 32 , où Cicéron parle des Insubres en ces termes : At enim quœdarn fœdera extant ut Germanorum, Insubrîum, Belvetio- rum, lapidum nonullarum item ex Gallia Barbarorum. Puis, à son tour, M. de Neuvéglise appelle le P. Menestrier un insulteur, un mauvais historien au style enflé et orgueilleux. Quel oubli de la part d'hommes recommandables que cet échange d'injures entre eux; et comme un tel langage importe peu à la vérité que chacun cherche ! Notre contrée a été et sera sûre- ment encore bien souvent l'objet de longues controverses pour savoir quels peuples l'occupèrent sous les Celtes. Peut-on jamais espérer de ranger tout le monde à son opinion, surtout sur des matières dont le sujet remonte à des temps si reculés et si pleins d'obscurités, lorsque, chaque jour, nous voyons la contradiction s'établir sur les choses mêmes qui se* passent sous nos yeux, et souvent si diversement interprêtées. N'est-ce pas toujours se donner une véritable et mutuelle preuve d'estime, que de se com- battre dans le champ de la science, où il y a toujours tant à s'é- clairer des labeurs de tous et des méditations de chacun ?