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HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON. 307 lions à l'acheteur, dont l'authenticité n'était pas toujours confirmée, mais qui sont un reflet fidèle des mœurs, des préoccupations et des idées de nos pères. Bientôt la curiosité surexcitée ne voulut plus se con- tenter de ces publications irrégulières. A côté des catas- trophes qui ébranlent les nations, il est une foule d'événements vulgaires que les oisifs sont avides de savoir. Il fallait satisfaire ce désir impérieux, et le journalisme fut trouvé. Ce n'est cependant pas dans notre pays qu'il prit naissance : nous perfectionnons plus que nous n'inven- tons, du moins on le dit. Sans remonter aux Romains, dont les diaria n'ont aucun rapport avec les journaux modernes, sans faire aux Chinois l'honneur de cette invention, quoique la feuille qui sort tous les jours, depuis un temps immémorial, du palais de l'empereur, contienne, outre les ordres portés aux dernières limites du céleste Empire, un aperçu rapide des événements, c'est à un pays étranger, à Venise, que nous trouverons le premier modèle de ces feuilles devenues de nos jours la plus redoutable des puissances. Au commence- ment du XVIIe siècle, lorsque l'Italie était encore le centre de la civilisation, un homme habile imagina de livrer toutes les semaines au public de Venise une feuille qui contenait les nouvelles de la ville et de l'Italie. Cette feuille coûtait une gazetta, petite pièce de monnaie qui pouvait valoir la moitié d'un sou. Le nom de cette modeste pièce devint celui de la feuille qu'elle servait à payer. Ce ne fut qu'un peu plus tard, en 1631, que le médecin Renaudot créa la Gazette de France. Dès lors, Paris eut le privilège d'inonder le