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260 AUTEL D'AVENAS. D'abord, n'oublions pas que nous sommes là tout près de Cluny, sous l'influence directe de cette École célèbre, dont les ar- tistes peuplaient notre province de monuments portant un type, un cachet à part. La vue du dessin de l'autel d'Avenas, publié par l'Institut ca- tholique de Lyon, m'avait déjà inspiré la pensée qu'il ne remon- tait pas à Louis-le-Débonnaire, qu'il n'était pas une œuvre du IXe siècle. J'avais observé , après le savant Viéty, que le Christ était (suivant son expression) assis dans un médaillon en creux, de forme elliptique ogivique, tandis que les nimbes elliptiques de l'ère romane sont moins aigus aux extrémités. Je désirais voir l'église pour m'assurer si son architecture ne portait pas quel- ques traces de l'École qui, du nord, pressait le midi. Des circons- tances, indépendantes de ma volonté, ne m'ont pas permis de faire plutôt le pèlerinage de Notre-Dame d'Avenas. C'est à la suite d'une visite récente à cette église, cachée dans les monta- gnes du Beaujolais, que mes convictions sont devenues inébran- lables. A sa vue, je me suis écrié : oui, c'est saint Louis qui, à son passage à Mâcon, le 12 juillet 1248, a fait don à Saint-Vincent de l'autel et de l'église d'Avenas. C'est bien là l'église représentée dans le bas-relief. Grâce à son isolement, perdue qu'elle est dans de hautes montagnes, elle a traversé les siècles sans altération. Ce n'est pas là la sainte chapelle de Paris ! Ce n'est pas cette architecture audacieuse qui s'élève dans les cieux, se perd dans la nue ! Mais, n'oublions pas que nous sommes aux portes de Cluny, que ses artistes durent opposer une longue résistance à l'introduction de l'architectonique qui remplaçait par des lignes sévères, des formes aiguës, les pilastres émaillés de fleurs, les chapiteaux aux mille formes, enrichis de toute la Flore de nos contrées. Oh ! comme ils durent regretter leurs apsides si gracieu- ses, si riches, si symboliques ! Il a fallu tout le prestige et toute la magnificence des immenses cathédrales du nord, pour dé- trôner dans le midi l'art roman; encore n'y est-on parvenu qu'im- parfaitement. L'apside d'Avenas, comme celle de la grande et belle église de Belleville, qui ne l'a précédée que de peu d'années, est or-