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                      DE M. FLEUKY RICHARD.                      247

serais coloriste, il disait à Revoil qu'il sentirait la couleur par
le dessin, et que je comprendrais le dessin par la couleur. Quoi-
qu'il en soit, après trois ans d'étude, ayant été premier dans le
concours que faisaient les élèves pour les places, M. David
m'engagea à concourir pour le grand prix de Rome. Je refusai
cette invitation, à la grande surprise de mes camarades, qui se
seraient tous empressés de l'accepter ; mais soit que je fusse
intimidé par le brillant début de Gérard et de Girodet, soit que
mon goût me portât à suivre une autre route que celle qu'on
suivait alors, je revins à Lyon pour me livrer à de nouvelles
études. Cherchant quelque monument qui put servir de fond à
un tableau, les églises n'étant pas encore rendues au culte, je
m'établis dans une des cryptes de Saint - Irénée, j'y plaçai un
sujet en rapport avec ce monument, et faisant poser mes mo-
dèles dans le lieu même, peignant tout d'après nature , j'obtins
un effet général qui réussit assez bien ; si j'avais présenté cet
ouvrage au public, sa dimension, la nouveauté de son effet et
la manière large dans laquelle il est peint, lui auraient peut-être
obtenu quelque succès, et m'auraient préservé de ce trop grand
fini que l'on m'a souvent reproché ; mais une critique trop sévère,
peut-être, me fit l'abandonner, avant môme de l'avoir achevé.
  Cependant, voulant tirer parti de cette étude, je la réduisis à la
plus petite dimension, et, ayant changé Constantin en sainte
Blandine, je crus pouvoir placer cette bluette au salon de 1801.
La finesse d'exécution et la magie du clair obscur de ce petit ta-
bleau me valurent quelques éloges ; mais je sentis bientôt que le
charme du clair obscur n'était pas suffisant, s'il n'offrait pas
quelque sujet intéressant. L'histoire du Bas-Empire, dans la-
quelle j'avais puisé, ne présentait que des scènes d'horreur, sem-
blables à celles que nos peintres modernes se plaisaient à pein-
dre, car, à l'exception de YEndymion de Girodet et du Bélisaire
de Gérard, les tableaux exposés au salon du Louvre, à cette épo-
que, ne présentaient que des compositions bizarres et gigantes-
ques, tirées des fastes les plus épouvantables de l'histoire grec-
que ou romaine ; et ce fut là, peut-être, ce qui fit dire à l'aimable
auteur de La Gastronomie :
         Qui nous délivrera des Grecs et des Piomains !,..