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                       LA COUSINE BRIDGET.            •          .187

et lui montra ses torts et sa folie, jusqu'au moment où la vieille
Betty vint annoncer le thé. Elles descendirent. Cousine Bridget
était assise exactement à la même place où elles l'avaient laissée
et la même expression froide et sévère était encore sur son
visage.
   — Versez le thé, Minna, s'il vous plaît. Cette jeune fille peut
en prendre une tasse et se retirer ensuite, — J'espère que votre
mère vous pardonnera. — Il est tout-à-fait absurde de pleurer.
Ce n'est pas le moyen de réparer votre faute....
   Elle continua de cette façon durant tout le repas, sans même
cesser ses reproches au moment du départ de Pèggy.
   Minna se sentait mal à l'aise. Elle voyait sa cousine travailler
à détruire tout le bien qu'elle avait produit, car le récit qui serait
répété dans le village contredirait celui qu'elle avait fait de la
bonté de Bridget.
   Dans la prévision du cas qui se présentait, elle avait apporté
un talisman de la chambre de Bridget. Elle se détermina à en
essayer l'effet, et, avant de quitter la maison pour accompagner
Peggy, elle tira de sa poche un écrin de maroquin, et, se plaçant
de façon aie cacher à Peggy, elle le tendit à Bridget.
   Celle-ci tressaillit légèrement ; sa lèvre inférieure s'agita ; sa
main trembla en le saisissant, et alors, se levant de sa chaise,
elle alla vers Peggy, et lui dit à voix basse et d'un accent parfaite-
ment doux, tellement différent de celui qu'elle avait pris jusque-
là, qu'il était difficile de croire qu'il appartînt à la même personne :
    — Allez chez vous, et soyez une bonne et heureuse fille.
Embrassez votre mèr,e bien tendrement, et remerciez Dieu d'être
encore auprès d'elle ce soir. Adieu ; que le ciel vous bénisse et
vous conserve. Soyez une bonne fille...
    Et se retournant, Bridget couvrit son visage de ses mains, et
de grosses larmes coulèrent au travers de ses doigts flétris.
    Minna s'approcha et la baisa doucement au front. Puis, pre-
nant Peggy par la main, elle l'emmena hors du cottage.
    La soirée était ravissante.—Si douce, si calme!—L'éjtoilë
brillante du soir scintillait dans le ciel clair, et pas un souffle
 n'agitait les feuilles, ou ne secouait la rosée des fleurs altérées.