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                     LES SIRÈNES.
Sacrifiez, ô Grecs, du moins pour quelques jours,
Le travail aux plaisirs et la gloire aux amours. »


Alors les jeunes gens : « Ces belles inconnues
Sont les Grâces du ciel sur la terre venues.
Jamais, sous le soleil, des corps plus séduisants
Des hommes et des Dieux n'ont allumé les sens !
Jamais plus douce voix n'a charmé les oreilles,
Ces femmes pour le chant aux Muses sont pareilles,
Jamais sur l'Hélicon, couronné d'arbres verts,
Leurs voix n'ont modulé de plus charmants concerts l»
Ils disent, et des mers mesurant la surface,
Leurs yeux impatients ont dévoré l'espace,
Ils pressaient les rameurs par le geste et les yeux,
Quand soudain le vieillard fut debout devant eux ;


« Ne vous laissez pas prendre à ces perfides ruses !
Ces femmes ne sont pas les Grâces ni les Muses.
Elles n'ont emprunté leurs formes et leurs chants
Que pour vous attirer dans leurs pièges méchants.
Vous voyez devant vous le rocher des Sirènes !
Les imprudents, séduits par leurs paroles vaines,
Ne reverront jamais venir au devant d'eux
Leur mère et leurs amis de leur retour joyeux.
Ils restent enchaînés, par leurs chansons perfides,
Dans des prés parsemés de cadavres livides
Par l'ardeur du soleil à demi-desséchés,
Et d'ossements épars sous les herbes cachés.
Fermez l'oreille aux voix de ces enchanteresses,
Mes amis, et fuyez leurs horribles caresses.
Écoutez-moi ! ce sont les pâles voluptés
La douleur est au fond de leurs tristes beautés.
Malheur à qui, séduit par leur brillante écorce,
Va perdre entre leurs bras sa jeunesse et sa force î »