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520 LA COUSINE BRIDGET. arrangeant sa collerette, et se mit à l'ouvrage. Puis elle se prit à chanter un gai refrain qui fit sauter vivement le sansonnet sur son unique jambe , en répétant sans cesse : — Jack est bien sage. — Comme Jack est joyeux aujourd'hui, Janey ! — Oh ! vous donnez dé la joie à tout le monde, Minna ; mais moi, je ne peux plus être gaie ; je me sens toujours tout effrayée. — Cela passera avec le temps, répondit Minna, d'une voix si douce, si douce, que personne n'aurait pu résister à son in- fluence , cela passera, mon enfant. Vous devenez habile et active maintenant, vous le voyez. Votre mère ne vous grondera plus, et il n'y aura rien pour vous enrayer. — Mais Peggy, Minna? — Eh bien ! ma chère, Peggy ne vous grondera pas non plus. Avec le temps, vous serez aimée de tout le monde. — Aimée! répéta Janey, et ce mot résonnait tristement. Il semblait qu'un mot nouveau, avec une signification inconnue jusque là , avait frappé son oreille. C'est du moins ce que crut apercevoir Minna. Aussi se mit-elle à parler de choses indifférentes, cherchant ainsi à détourner l'attention de la pauvre fille. Enfin le bonnet fut terminé et Minna se retira. Elle marchait lentement, plongée dans la rêverie; elle pensait avoir trouvé la cause du regard plus inquiet de Janey et mille projets s'agitaient dans son cerveau. Le long de sa route, elle s'arrêtait à la porte de chaque cot- tage pour dire bonjour aux habitants. Les enfants quittaient leurs jeux et couraient à sa rencontre. Tous, jeunes et vieux, parais- saient plus joyeux à son arrivée , et avaient quelque chose à lui conter. Elle écoutait tout le monde, félicitant les uns ou conso- lant les autres, suivant le besoin. — Comment cela va-t-il, maître Barnett, dit-elle à un vieillard assis au soleil, dans son petit jardin, ses mains flétries appuyées sur son bâton, tandis que la brise d'été jouait dans ses rares cheveux blancs; comment cela va-t-il ce matin?.... — Ah ! tout doucement, tout doucement.il ne faut pas se van-