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                      LA COUSINE BRIDGET.                        517
Bridget leva les yeux en souriant, car elle savait que c'était sa
légère, sa belle Minna.
   — Je sors un instant, ma chère cousine, et au retour, je vous
apporterai ample moisson de nouvelles ; mais, en récompense,
quand le moment de notre paisible soirée sera venu, vous me
direz pourquoi vous étiez si triste, lorsque je suis arrivée ici.
   — Si maussade, mon enfant, vous voulez dire, répondit
Bridget, et, quoique sa voix fut toujours aussi cassée (car, à cela,
Bridget ne pouvait rien), un sourire vint sur ses lèvres, lorsqu'elle
posa, en parlant, sa petite main ridée sur la main de Minna,
si maussade, mon enfant, continua-t-elle, c'est le mot. Oui, je
vous le dirai, car, malgré vos yeux brillants et vos lèvres de
rose,,mon histoire peut vous être utile. Mais allez à votre pro-
menade.
   — Je ne demeurerai pas longtemps. Je ne vais que chez.Mss'
Mallet.
   — Bah ! bah ! enfant!            et Bridget fit un mouvement in-
quiet sur son siège et se mit à tricoter avec une grande rapidité.
Minna, qui allait franchir la porte, fit quelques pas en arrière,
regarda sa cousine avec le sourire le plus espiègle du monde,
puis détachant du tricot une des mains de Bridget, y déposa un
baiser tendre et respectueux, et quitta la chambre.
   Son pas léger et bondissant l'eut bientôt conduit à la porte de
Mss< Mallet et elle entra dans la boutique.
   Comme cette petite boutique était remplie d'articles commodes
et utiles!      Des pots de cirage étaient arrangés sur un rayon
élevé, à côté de pelotons de ficelle et de paquets d'allumettes chi-
miques. Des plumeaux, liés ensemble, étaient appuyés contre un
angle du mur. Des brosses, des balais, des morceaux de lard,
des chandelles de toutes espèces pendaient, au plafond. Des
pains de sucre et des cruches d'eau gazeuse se partageaient un
autre rayon. Sur la fenêtre, ce sont des vases de faïence d'An-
gleterre , remplis de riz, de sucre et de thé, au milieu desquels
les mouches se jouent en bourdonnant, tandis que, dans l'angle,
une grasse araignée, au centre de sa toile, se tient prête à fon-
dre sur la mouche imprudente qui roule et trébuche sur un mor-