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516 LA COUSINE BRIDGET. pouvait suffire à effacer de l'esprit maternel le souvenir de la sottise qu'il avait fallu supporter pendant des années entières, et dont Janey donnait encore des exemples chaquejour. Aussi l'au- tomne et l'hiver avaient passé et le printemps poussa ses frais bourgeons déjà presque mûris par le soleil de l'été, avant que Minna put recueillir le fruit de sa charitable entreprise. Mais elle ne se décourageait pas : elle avait trop bien réussi avec cousine Bridget pour jamais désespérer de rien. Tel est le point où en étaient les choses au commenceWnt de cette histoire. Jetons un coup d'œil dans l'intérieur du cottage , après les efforts tentés par Minna sur l'esprit de Jane. La fenêtre du salon était ouverte, car ce jour-là , l'air était doux et parfumé. A côté de la fenêtre, les pieds sur un tabouret et occupée à tricoter, était assise Bridget. L'ameublement était le même que le jour de l'arrivée de Minna, et pourtant il semblait que la physionomie en fut changée. Les chaises n'étaient plus serrées contre la muraille dans un froid cérémonial, mais dispo- sées de côté et d'autre, de telle sorte qu'elles paraissaient inviter à s'asseoir. Sur la table, des fleurs, nouvellement cueillies, s'é- panouissaient dans un vase, auprès d'un élégant panier à ou- vrage doublé de satin rose, d'où s'échappaient de la mousseline et de fraîches broderies qui rappelaient à l'esprit les jolis ouvrages auxquels on devait les employer. Un châle rouge était jeté sur le dossier d'une chaise, et, sur une petite table voisine de la fenêtre se trouvaient placés quelques dessins, une boîte de couleurs et un petit chevalet sur lequel était le portrait à demi terminé de la vieille dame. Une belle minette, au poil luisant, était couchée en rond aux pieds de Bridget. Jusque là , la pauvre bête avait été exilée à la cuisine, car Bridget disait que « elle n'aimait les animaux qu'à leurs places, » mais Minna avait attiré la chatte au salon par ses caresses, et ses jeux avaient tellement amusé la vieille lady, que maintenant celle-ci ne voulait plus s'en séparer. Tout à coup on pousse la porte. Elle ne tourne plus lentement sur ses gonds, comme autrefois, pour laisser entrer la vieille Betty, mais on l'ouvre toute grande avec vivacité. A ce bruit