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512                   LA COUSINE BRIDGET.
 sur plusieurs petites tables ainsi que sur la tablette élevée de la
cheminée, était placée quantité de vieilles porcelaines de Chelsea
et de la Chine. Une bibliothèque bien garnie, à portes vitrées ,
 s'élevait au bout de la chambre, surmontée d'une grosse orfraie
 empaillée. Plusieurs portraits de personnages âgés, des deux
 sexes, en perruques poudrées, étaient appendus au mur ; et, au
dessus de la cheminée, un ouvrage en broderie, représentant
Elisée sous le genévrier, se voyait, dans un cadre, derrière lequel
 sortait une espèce d'éventail formé de plumes de paon.
    Sur une chaise à dossier élevé, et un écran enluminé devant la
figure, était assise une petite vieille dame , vêtue d'un riche
brocard et coiffée d'un haut bonnet de linon sous lequel ses
cheveux étaient serrés en nattes. Leur extrême blancheur faisait
paraître plus sombres encore ses petits yeux noirs. Une collerette
en dentelles entourait son cou, et une paire de mitaines noires
avec un tablier blanc complétaient sa toilette. A son bras, était
suspendu, par un long ruban, un sac en soie blanche, brodé, et,
d'un côté, garni d'une pelote. Sur l'index de la main gauche,
brillaient les diamants et les saphirs d'un magnifique anneau,
tandis qu'une broche curieuse et antique, composée d'une tombe,
d'un saule et d'initiales en cheveux blonds et en semences de
perles, enchâssés dans une bordure d'or uni, servait à retenir
la collerette.
   Elle ne se leva point lorsque Minna entra, mais, après s'être
inclinée avec raideur, elle lui indiqua une chaise, arrêtant ainsi
les transports de la jeune fille qui aurait voulu voler dans ses
bras pour la remercier de lui fournir un refuge et une famille.
   —Vous êtes l'unique enfant de M. Vestrop, dit-elle enfin, d'une,
voix qui ressemblait au craquement continu de noix qu'on au-
rait brisées, c'est bien ! j'espère que vous vous mettrez à l'aise ;
je ne serai pas fâchée d'avoir une compagne, pourvu que vous
ne dérangiez pas mes habitudes.
   — Maintenant Betty, continua-t-elle , en se tournant vers la
vieille domestique qui paraissait attendre de nouveaux ordres,
montrez sa chambre à cette jeune personne, et préparez le thé.
   Après avoir murmuré un : Je vous remercie, Minna suivit