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FLEURY ÉPINAT. 485
courageaient. Un jour, une lettre de lord Ailesbury lui demanda
deux tableaux qu'il s'empressa d'exécuter. L'un représentait la Val-
lombrosa. La figure principale ; était Milton c'est dans ce couvent,
que le poète anglais a composé son Paradis perdu. L'autre, était
la Villa d'Esté. On voyait le Tasse, lisant ses poésies au cardinal
Hippolyte d'Esté en présence de sa nièce. On comprend combien
ces sujets convenaient au talent de notre peintre. En peignant le
Tasse et Milton au milieu de scènes grandioses, son défaut or-
dinaire d'exagérer un peu la longueur de ses figures passait ina-
perçu, tant il nous semble naturel de grandir au physique les
héros de notre imagination. Epinat suivit ses tableaux en Angle-
terre, il y était attendu. Il partit au mois de juillet 1825. Lord
Ailesbury le reçut comme un ami, lui fit connaître l'Angleterre,
le conduisit en Ecosse, et demanda de nouvelles toiles à ses
pinceaux.
Pendant qu'Epinat parcourait avec enivrement les beaux sites
décrits par Walter Scott, dessinait toutes les antiquités de cette
vieille terre, et commençait, sur les lieux mêmes, la Dame du lac,
qui eut un succès peut-être égal à celui du célèbre romanpier, la
femme et les sœurs de lord Ailesbury s'arrêtaient à Lyon, en ve-
nant de Naples, et se dirigeaient avec empressement vers la de-
meure du peintre habile qu'elles voulaient emmener à Londres avec
elles. Madame Epinat leur apprit que son mari les avait déjà devan-
cées, et, quelques jours après, une lettre intime apprenait à notre
artiste que ces nobles visiteuses avaient voulu voir son atelier, son
appartement, sa maison de campagne, qu'elles y avaient mangé
de ses raisins : on était au commencement de septembre, que tout
leur avait plu chez lui, et qu'elles avaient été ravies des prome-
nades qn'on leur avait fait faire à l'Ile-Barbe, à la Mulatière,
dans nos églises, nos ateliers et nos principaux monuments.
Même après un voyage en Italie, Lyon et ses environs avaient
séduit.
La Dame du lac était presque achevée, lorsqu'Epinat fut arrêté
par une maladie qui mit presque ses jours en danger. Il reçut
de lord Ailesbury les soins les plus empressés, mais la crainte
d'être à charge à son noble ami lui fit quitter l'Angleterre avant