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 480                           FLEDRY ÉPINAT.
    A Rome, Épinat eut le bonheur de se lier avec un grand sei-
 gneur anglais, qui lui témoigna toujours la plus sincère amitié.
 Le marquis lord Ailesbury, marié depuis peu, et visitant l'Italie
 avec sa jeune épouse, voulut prendre des leçons de peinture;
 il chercha un maître. Épinat lui convint paria franchise de son
 caractère, par sa gaîté et par sa passion pour son art. Il était
 impossible, en effet, de l'entendre parler de son travail ou de ses
 projets, sans en être impressionné. La peinture était sa vie,
 toutes ses pensées se reportaient à elle, il l'aurait fait aimer aux
 plus indifférents. Lord Ailesbury comprit cette nature d'élite,
 cette àme ardente ; lui-même, quoique grand seigneur, aimait
les arts et les cultivait. Tous deux pensèrent que le talent peut
rapprocher les positions sociales, et cette intimité, qu'ils trouvè-
rent si douce sur la terre des beaux arts, ne se démentit point
 lorsque, plus tard, le peintre et le grand seigneur se revirent en
 Angleterre.
    Épinat, pendant les cinq ans qu'il habita Rome, employa ses
loisirs à faire des excursions dans les provinces voisines, et
particulièrement dans le royaume de Naples, dont le climat lui
convenait. Il variait dès-lors ses études, faisant alternativement
des tableaux d'histoire et des paysages historiques empreints
toujours d'une grande élévation de sentiments (1). De Rome, il

    (1) C'est à cette époque de sa vie que se rapporte une aventure que nous
 tenons de notre habile peintre M. Thierriat ; lui-même la tenait du héros, ou
 plutôt de la victime, sur la santé de qui elle eut une fâcheuse influence. Épinat
 peignait dans la campagne de Rome, lorsqu'il se vit entouré de quelques-uns
 de ces bandits, dont les exploits ont acquis tant de célébrité. Celui qui pa-
 raissait le chef l'interroge, Épinat répond qu'il est français, qu'il a peu de
fortune, et qu'il n'a même pour vivre que ses pinceaux. Le chef admire son
travail, et, lui frappant sur l'épaule, lui conseille de se retirer au plus tôt,
attendu que le pays n'est pas sûr, et qu'il pourrait tomber entre les mains
de quelques uns de ses camarades qui, moins amis des arts, le dépouille-
raient du peu qu'il a sur lui. Épinat le remercie de ce bon avis ; il se lève,
réunit son bagage, part, puis sa tête se monte, impressionnable comme il
était, le danger qu'il a couru s'élève à des proportions d'autant plus grandes
qu'il s'en éloigne davantage, bientôt il prend sa course qu'il soutient malgré