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DE LA SAONE. 455 a tant dans le monde ! cherchaient à déverser le ridicule sur M. Jouffroy, en l'appelant Jouffroy la pompe ; quant à M. Desblanc, les paysans et tous les velches des alentours l'accusaient de vou- loir ruiner le pays qui ne trouverait plus, disaient-ils, à vendre ses foins ni ses avoines, si son infernale machine du feu faisant marcher l'eau, venait à réussir. J'ai vu longtemps amarré, à Trévoux, au dessous de ma demeure, le bateau de M. Desblanc, qui fut dépecé et vendu, en 1812, comme vieux fer. Le vice de ce bateau consistait principa- lement en ce que, au lieu de roues, il portait sur les flancs de longues chaînes munies d'aubes, en guise de chapelets. Sauf ce vice, facile à corriger, le bateau était conditionné avec tous les éléments de réussite. Vers ce même temps, Fulton s'occupait aussi, à Paris, de construire, sur la Seine, un bateau à vapeur dont il fit l'essai, également vers la fin de l'année 1803. Son expérience fut assez satisfaisante, sans être cependant encore absolument et pratique- ment décisive. Ce qui manquait à tous les bateaux à vapeur construits à cette époque, c'était de ne pas proportionner suffi- samment la puissance de leur machine à la résistance des eaux. M. Jouffroy ne put pas obtenir de brevet pour son pyroscaphe. Le ministre de l'intérieur en accorda un, de quinze années, « pour l'invention d'une machine à feu horizontale, destinée à la remonte des bateaux, coches et diligences », à M. Desblaac, qui fit le dépôt de son modèle au Conservatoire des arts et métiers. Robert Fulton, à cette époque, écrivit, à M. Desblanc, plu- sieurs lettres dont la famille de celui-ci est dépositaire à Trévoux. Dans la première lettre, qui est du 12 thermidor an X, Fulton qualifie Joseph Desblanc d'inventeur des bateaux à vapeur. Plombières , 12 thermidor an X. «Robert Fulton, inventeur des bateaux plongeurs et du sys- tème des petits canaux de navigation, au citoyen Joseph Des- blanc, inventeur d'un bateau gui peut remonter le courant, par le moyen de la pompe à feu. «