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428                        ANDRÉ BLANCHARD.
confier le soin de ses chers élèves à son collègue et ami, M. Rey,
qui s'est acquitté de cette tache avec le plus entier dévouement,
et qui, le21 décembre 1850, reçut son dernier soupir (1).
   Dans ces quelques pages, nous avons simplement indiqué les
principaux ouvrages qui ont mérité à Blanchard une honorable
place parmi les peintres lyonnais. Nous allons essayer mainte-
nant d'entrer dans quelques détails sur leur importance et leur
mérite.
   Son tableau d'Erigone, exécuté à Rome, est une œuvre de
coloriste. Erigone est représentée nue, couchée mollement sur le
gazon que recouvre une peau de léopard, la tête nonchalemment
renversée en arrière, et comtemplant, avec un sourire plein
d'ivresse, un raisin qu'elle tient élevé de la main droite. Dans le
haut du tableau , un amour se joue entre les branches qui la dé-
fendent des rayons du soleil.
  ' Cette gracieuse composition se recommande par un coloris re-
marquable et une grande habileté de pinceau. Le modelé en est
ferme et gracieux tout à la fois; les chairs sont peintes avec
vérité, les jambes surtout sont remarquables sous tous les rap-
ports , et, si nous voulions faire un peu de critique, nous dirions
que le haut du corps laisse quelque chose à désirer et que la tête
est la partie faible du tableau. Cependant, au total, malgré l'obs-
curcissement du fond, ce tableau est de tous ceux de Blanchard
celui auquel il faut décerner la palme, nous en exceptons ses por-'
traits. Il y a tout lieu d'espérer que le tableau d'Erigone appar-


  (1) M. Rey, doyen des professeurs de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon ,
que M. Blanchard avait suppléé pendant la durée de son voyage dans le
Levant, remplit, depuis trente ans, ses honorables fonctions avec un zèle ,
une activité et un succès qui annoncent un talent consommé, fruit d'une
longue expérience. Chargé, non seulement de sa classe et du cours du
soir, supplément que MM. les professeurs ont accepté avee un dévouement
qu'on ne saurait trop louer, il a encore, sous sa direction, la classe de Blan-
chard , que l'administration de la ville a réunie à la sienne. Celte abnégation
de tous ses intérêts en faveur de ceux de l'Ecole , le signalent particulière-
ment à la reconnaissance publique.