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JUGEMENT DE M. DE LAMARTINE SUR LAFONTAINE. 421
m'est avis que Yargute loqui de nos pères est un héritage utile Ã
garder.
P. S. —Au moment de clore notre travail, le hasard met sous
nos yeux un curieux article, ou plutôt une boutade de M. de La-,
martine à propos de Lafontaine. Nous aimons et nous admirons
trop, l'auteur de Jocelyn pour nous laisser aller à la moindre ré-
crimination , même quand* il s'agit de défendre la mémoire de
Lafontaine. D'ailleurs, étant donné M. de Lamartine, avec ses
perpétuelles aspirations à l'idéal, comment lui en vouloir de cette
antipathie si naturelle, si explicable chez lui ; on sait qu'il ne
goûte ni André Chénier, ni Béranger : nous supposons au fond
qu'il ne goûte pas davantage Molière. Son propre génie lui défen -
dait donc de comprendre celui de Lafontaine. Autant on se
représente volontiers le mélancolique amant d'Elvire, bercé sur
un nuage, emporté dans le bleu, contemplant les étoiles et con-
sentant tout au plus, par intervalle, Ã regarder sous lui tourbil-
lonner lès feuilles mortes ; autant, malgré nous, Lafontaine nous
apparaît comme le poète de l'expérience, le poète du terre à terre,
l'ami de ce plancher des vaches qui ne se dérobe pas sous nos
pieds.. Même quand il est mélancolique, c'est à la façon des
anciens, comme Horace et comme Virgile. Ce n'est pas de la
nostalgie céleste qu'il est atteint ; seulement s'il revenait au
monde, je suis sûr que le Bonhomme raffolerait des vers de La-
martine , comme pendant sa vie il raffolait de Platon ; ce serait sa
seule vengeance, et cette vengeance serait encore une leçon.
Voici l'article dé M. de Lamartine :
J. TISSEUR.
JUGEMENT
DE M. DE LAMARTINE SUR LAFONTAINE.
On me faisait bien apprendre aussi par cœur
quelques fables de Lafontaine ; mais ces vers boiteux, disloqués,