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370                    HISTOIRE LITTÉRAIRE
 « mes d'un très-grand mérite, dit Clerjon, ont écrit l'histoire
 « de Lyon, mais leurs ouvrages présentent malheureusement
 « la couleur des temps qui les vit paraître ; on y rencontre à
 « chaque pas les préjugés de secte, les passions de parti. » Le
reproche est vrai, mais il peut être adressé à Clerjon, bien plus
qu'à aucun autre de ses prédécesseurs. Clerjon s'est complète-
ment abandonné à l'esprit de Voltaire, dominant pendant les
dernières années de la Restauration, et ce n'est pas le moin-
dre défaut de son livre. L'introduction est consacrée à des con-
sidérations un peu vagues sur l'histoire en général et sur celle
de Lyon en particulier. L'auteur apprécie avec peu de justice
et de vérité ses prédécesseurs ; il les accuse d'uniformité et
trouve la cause de ce défaut mal défini dans les écrivains : c'é-
taient, selon lui, de laborieux solitaires, de savants antiquaires,
des érudits à qui manquait l'âme. Exagérée dans son expres-
sion, cette accusation a cependant une certaine vérité. Mieux
que les savants qu'il met en cause, Clerjon a senti combien
l'histoire de Lyon prêtait à l'art d'écrire, mais peut-être aurait-
il dû le démontrer davantage par son exemple. Ces magnifiques
tableaux, ces scènes dramatiques dont il parle, n'existent dans
son ouvrage qu'en pâles ébauches, et un des reproches lés plus
fondés qu'on puisse lui faire, c'est d'avoir à peine esquissé les
épisodes les plus remarquables et les plus intéressants de son
sujet. Il s'est aperçu, mais sans en profiter beaucoup, des ensei-
gnements que l'historien de Lyon pouvait récolter dans le do-
maine des sciences naturelles, des arts et de l'archéologie, con-
naissances qui ne lui étaient pas familières. Entraîné par son
esprit, il a introduit plus d'une fois le roman dans l'histoire,
et prêté aux personnages qu'il a mis en scène des discours ima-
ginaires : aussi son livre n'a-t-il pu résister aux critiques sé-
rieux qui s'en occupèrent.
   Clerjon n'a pas exécuté la moitié de son programme; une
phthisie pulmonaire mit fin à sa vie, pendant qu'il rédigeait le
quatrième volume de son Histoire. Ce jeune écrivain se propo-
sait de renfermer, dans un volume complémentaire, les preuves
et les détails qui ne pouvaient entrer dans le corps même de