Revue du Lyonnais » série 2 - n°2 ( 1851 ) » pp.343

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   gracieux, ceux surtout qui ont pu contempler à loisir les ho-
   rizons, si pleins de poésie et de grandeur, de la campagne de
   Rome, sont frappés de cette majesté calme et triste que la main
   d'un peintre vulgaire essaierait en vain de réaliser sur une toile.
   Deux des autres paysages de M. Flandrin n'ont pas un caractère
   aussi plein d'austérité, ils tiennent à un mode plus gracieux, à
   une nature grave encore, il est vrai, mais plus heureuse.
     M. Pouthus-Cinier est toujours le premier des paysagistes
  lyonnais ; son talent, souple et élevé, s'est produit dans un as-
  sez grand nombre de compositions, où l'on remarque un grand
  style, une belle couleur, et des détails rendus avec beaucoup de
  puissance et de vérité ; la Clairière de Fontainebleau, la Route
  des Abruzzes, et la Nymphée principalement , nous ont paru
  les plus remarquables de la série. L'exposition de M. Fonville
  est également nombreuse et variée ; cet artiste se distingue
 toujours par un sentiment vif et fin à la fois de la réalité. La
  Vue de Lyon, prise du côté des Chartreux, est d'un grand effet
 et d'une exactitude merveilleuse; la Vue de la Rivière d'Ain,
 prise du pont de Chazay, est aussi d'une vérité saisissante. Nous
 ne savons pas si on peut le dire aussi bien du Souvenir deCor-
 nillon. Ce paysage, d'un aspect séduisant, a quelque chose
 d'un peu théâtral, on pourrait presque dire de féerique ; les
 autres toiles de M. Fonville : Vue de Salerne, Vue prise en
 Bugey, Vue prise au Vernay, près VIle-Barbe, Vue de Cas-
 tellamarre. sont d'un effet plus réel, sans que peut-être au
fond ils le soient davantage. La nature un peu tourmentée des
paysages de M. Allemand ne plaît pas à ceux qui lui préfèrent le
calme et la sénérité, cependant, on ne peut nier qu'ils ne soient
peints avec une adresse infinie, par une main très-exercée :
celui qui porte avec le n° 4 le simple titre : Etude, et qui est
fait tout entier, dit-on, avec le couteau à palette, est un véritable
tour de force. M. Saltzmann est doué d'une grande puissance ;
sa Forêt en Corse et son Souvenir de la Corse sont, l'un et
l'autre, remarquables par la vérité et la délicatesse des fonds.
Le paysage a de la profondeur et de l'air, mais le vert sombre
  t dur des arbres, traités par larges empâtements, donne de la