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DANS LES .TARDINS FARJNÈSE. 323 Jupiter. 1 s'entretenait familièrement avec le dieu, tantôt lui 1 parlant à l'oreille, tantôt élevant la voix et disant de gros mots. Un jour même, il le menaça de le renvoyer en Grèce. De la fa- miliarité avec Jupiter, à l'idée de se faire dieu lui-même, la dis- tance n'est pas bien grande. 11 étendit donc les dépendances de son palais jusqu'au temple de Castor ; et, après avoir changé cet édifice en vestibule, où il paraissait assis entre les deux fils de Léda, Jupiter-Latin (1) recevait les adorations du public. On lui immolait des paons, des faisans, et autres oiseaux rares, chaque espèce suivant les différents jours de la semaine. Pendant la nuit, lorsque la lune était resplendissante, il l'invitait à venir coucher avec lui ; mais on ne dit pas que ce désir ait jamais été exaucé. En vérité, on ne pourrait pas croire à cet excès de folie si, de notre temps, nous n'eussions été les témoins d'une aussi stupide impiété. îfavons-nous pas vu une reine de notre époque, la Démagogie, souveraine aussi absolue que les empereurs ro- mains, se faire adorer sous le nom de déesse de la Raison, et dans la personne d'une misérable prostituée? Je conclus de là que le despotisme sans frein, exercé par la populace, ou bien au nom d'un seul, n'est pas chose désirable. Le problème d'un bon gouvernement consiste à régler convenablement la liberté. Celle qui n'est pas réglée s'appelle la licence, et la licence c'est la ty- rannie. Cependant, la nuit me rappelait dans l'intérieur de la ville. Je traversai la voie Sacrée ; je gagnai les voûtes colossales de la basilique de Constantin, monument construit par Maxence, mais auquel les flatteurs donnèrent le nom du vainqueur. De là , je me trouvai dans la via Alessandrina, bâtie en partie sur le forum de Nerva ; j'arrivai en droite ligne sur la place Trajane, décorée de sa magnifique colonne, et des restes imposants de la basilique ulpienne. Enfin, je me transportai sur le cours, et je fus ramené à la vie réelle, avec le bruit, les] équipages, les cafés et les res- taurants. PAUL SAINT-OLIVE. (!) Les flalleurs lui avaionl donné ce l i l n \