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316 UNE PROMENADE et de fourberie, essaye de refaire sa fortune à l'aide de cette stu- pide populace qui, dans tous les temps, sert de marchepied aux ambitieux sans morale. Sa renonciation au titre de patricien, le pouvoir que lui donna le tribunat, la licence protégée par lui, en firent l'idole de la multitude. Je ne raconterai' pas l'exil de Cicé- ron et sa rentrée triomphale, enfin, les démêlés entre Clodius et Milon, véritable guerre civile dans le sein de Rome, avec d'hor- ribles scènes d'incendie et de meurtre. La misérable fin de Clo- dius et le classique discours de Cicéron Pro Milone, sont assez connus, pour ne pas insister sur ce souvenir historique. D'ail- leurs, le récit de toutes les révolutions me mènerait trop loin, et me ferait sortir du cercle dans lequel je veux me renfermer. Au bas de la terrasse sur laquelle je me repose, se trouve la vallée entre le Palatin et le Capitolih. Dans les époques primi- tives, elle était occupée par un marais qui, du Tibre, venait mouiller la base de la colline. Une inondation du fleuve porta et déposa, au milieu des joncs du marécage, le berceau de Ro- mulus et Rémus. Je ne reviendrai pas sur l'histoire de la louve, du figuier Ruminai (1), du berger Faustulus, de sa femme Acca Laurentia, nourrice des deux jumeaux, et laquelle avait un autel, non loin de là , dans le quartier du Vélabre. Après l'enlèvement des Sabines, les différentes villes victimes de cette trahison ne surent pas réunir leurs forces, et tomber en masse sur les ravisseurs. Une injure commune à tous aurait dû être le lien d'une puissante coalition ; mais, Denys d'Halycar- riassê nous dit que ces divers peuples, peu sensibles à la perte de leurs filles , qui se trouvaient ainsi toutes placées, sans peine pour les parents, étaient plutôt mus par un sentiment de ja- lousie contre la prospérité de Rome naissante, et espéraient pro- fiter individuellement de ses dépouilles. Cœnine , Antemne, Crastumèrie déclarèrent donc, l'une après l'autre, la guerre au peuple romain. Romulus les vainquit en détail, et transporta leurs habitants dans sa nouvelle ville. Plus tard, Tatius arriva avec ses Sabins , s'empara du Capitole , et un combat furieux (r) Ainsi appelé d'un vieux mot latin, rumen, qui signifie mamelle.