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310                     UNE PROMENADE
on distingue parfaitement sa forme. Toute son étendue est oc-
cupée par de vastes jardins potagers, arrosés par l'eau de la
Maranna, l'ancienne aqua crabra, destinée à remplir l'Euripe, ou
canal formant une ceinture intérieure. On peut juger de l'im-
portance de cette culture par la surface du cirque. Il avait 650
mètres de longueur, sur 280 de largeur, ce qui produit 182,000
mètres carrés, ou 18 hectares, ou 140 bicherées de Lyon. La
rue qui passe sur les fondations du cirque se nomme via de
Cerchi, par corruption de via Circi.
   Au-dessous de ma station, et près du forum boarium, était
élevée l'ara maxima, autel consacré par Hercule et en grande
vénération parmi les Romains. C'est là que se juraient les trai-
tés publics et les contrats particuliers. Dans le même quartier,
on voyait la cabane de Romulus. Pendant que celui-ci et son
frère Rémus étaient bergers, ils se construisaient de pauvres
chaumières de bois, recouvertes de bâtons de roseaux. On en
conservait un spécimen, attribué par la tradition à Romulus
lui-même. On révérait cette relique comme une chose sainte,
et des gens commis à cet office étaient chargés de la garder,
et de réparer les dommages occasionnés par la vétusté ou l'in-
tempérie des saisons.
   C'est aussi dans ce terrain qu'était planté le cornouiller sa-
 cré. Romulus, voulant un jour faire preuve de sa force, lança
de dessus l'Àventin un javelot qui, franchissant toute la vallée
 du cirque, vint s'enfoncer profondément dans le Palatin. On
 tenta vainement d'arracher ce javelot, dont le manche était en
bois de cornouiller. Il prit racine et se couvrit bientôt de bran-
 ches et de feuilles. Dans la suite on l'entoura d'un mur, et la
 religion populaire le prit sous sa sauvegarde. Mais, à une épo-
 que où les idées religieuses étaient singulièrement affaiblies,
 Caïus Caligula faisant réparer l'escalier pulchri littoris, auprès
 duquel était le cornouiller, les ouvriers employés à ce travail
 dénudèrent avec indifférence les racines de l'arbre vénéré, qui
par suite de cette profanation se dessécha entièrement.
    Cette tradition qui attribuait à Romulus une force surnatu-
 relle, est bien réellement puisée dans le sentiment populaire.