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           OU BIBLIOGRAPHIE DE LA VILLE DE LYON.                305
des Elzevirs ou des Jean de Tournes ; garnies de petites éditions
de nos poètes lyonnais du XVIe siècle, des Rabelais, des Marot,
imprimés par François Juste ou Dolet ; ou ornées de ces livres
gothiques si recherchés, que recommandent les noms des an-
ciens imprimeurs de Lyon, Guillaume Leroy, Barthélemi Buyer,
Pierre Maréchal ou Claude Nourry : il n'est rien de plus admi-
rable pour les yeux d'un bibliophile, que l'aspect de files res-
plendissantes de livres dont les dos, composés par d'habiles
artistes, brillent, comme un parterre, des couleurs les plus fraî-
ches et les plus éclatantes : enfin, il n'y a rien de plus ravis-
sant , parmi les jouissances de l'esprit, que le charme qu'il
éprouve au lent et minutieux examen de nos diamants typogra-
phiques lyonnais enchâssés dans un brillant maroquin, tantôt
uni comme une glace, tantôt granulé comme l'écorce dorée de
l'orange, et brillant de filets d'or, ici alongés en lignes d'une ad-
mirable pureté ou enroulés en gracieux arabesques ; entrelacés,
là, comme une élégante dentelle, rapprochés en capricieux com-
partiments, ou contournés en délicats festons selon les lois d'un
dessin correct et du goût le plus exquis. Je n'ai jamais jeté les
yeux, dans le cabinet de M. Coste, sur ses beaux livres lyonnais,
sans éprouver une sorte d'éblouissement, et jamais je n'ai eu
entre les mains ses J^ouise Labé, de 1555 et de 1556, ses Plaisons
 Devis, ou son exemplaire de la Farce des Théologastres, sans
plaindre de toute mon âme les barbares qui ne se sentent point
émus à l'aspect de ces rarissimes merveilles.
   Il y a et il doit y avoir des livres de tous les genres et pour
tous les goûts : utiles ou agréables, ceux-ci sont faits pour être
lus ; créés pour déployer toute la magnificence du premier des
arts, l'imprimerie, alliée aux splendeurs de la gravure, ceux-là,
tels que le Racine in-folio de Pierre Didot, sont faits pour être
vus. D'autres ne sont ni bons ni beaux , le papier est laid, l'exé-
cution typographique détestable, et le livre mauvais ; mais ils sont
rares, et la rareté a toujours été et sera toujours un mérite. C'est
un bien pauvre poète que Pierre de Cornu dont les œuvres ont
été imprimées à Lyon, en 1583, pour Jean Huguétan, par Thi-
baud Aalcelin : d'accord ; mais un exemplaire passable de ce ché~
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