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FORVM SEGVSIAVORVM. 263 nous, malgré les variations orthographiques qui le défi- guraient dans les ouvrages de Pline, de Strabon et de, Ptolémée : il y a mieux, on avait corrigé dans ce sens des manuscrits qui, sans qu'on le soupçonnât, se rap- prochaient le plus de la vérité. Il y a quelques années qu'une découverte fort impor- tante est venu raturer l'orthographe traditionnelle. Un cultivateur de Marclop, petite commune du canton de Feurs, faisant miner son champ en février 1846, trouva une plaque de bronze recouverte d'une belle patine, et sur laquelle une inscription gravée au burin consa- crait le nom d'un Sextus Lucanus Duumvir des Segu- siaves : on lisait CIVITAT. SEGUSIAVOR au lieu de SEGUSIA- NOR (1). Cette inscription, dont l'histoire m'est trop personnelle pour que je la rapporte ici, fut publiée dans quelques journaux avec des interprétations plus ou moins hasardées, sans que personne insistât sur la nouvelle leçon du mot Segusiavorum. Dans les premiers jours qui suivirent cette décou- verte, M. Aug. Bernard vint me voir à Feurs. La conver- sation roula tout naturellement sur un fait si propre à captiver- l'attention des archéologues. Il me fit part de la pensée qui lui était venue de faire une substitution de lettre et de rétablir ainsi ce qu'il pensait devoir être le véritable nom de nos ancêtres. Je lui dis qu'il me pa- raissait pour le moins téméraire de détruire, à l'aide d'un monument isolé, et peut-être fautif, une appellation que tant de siècles avaient consacrée, à moins que d'autres monuments ne vinssent fournir un second terme (i) Voyez, planche 1.