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262 FORVM S E G V S I A V O R VM. naît le pauvre à son linceul, et le prince aux lambeaux dorés qui se mêlent à la cendre de son cadavre. J'ai donc fait comparaître tous les témoins qui pouvaient me parler des siècles passés ; je me suis arrêté à cha- cune des traces dont j'ai trouvé l'empreinte. J'ai creusé les flancs de la terre, et je les ai interrogés, comme on interroge les entrailles d'une victime. Je n'ai formulé au- cune opinion sans l'appuyer sur des textes ou sur des mo- numents, car sans cela iln'y a point d'histoire. Les textes, je les ai vérifiés avec une exactitude scrupuleuse : les monuments, je les ai dessinés ou estampés moi-même avec soin, et M. Louis Perrin a bien voulu les repro- duire avec l'esprit et la fidélité de son gracieux burin. Le temps aurait pu m'apporter encore quelques do- cuments et compléter mon œuvre : mais je ne suis plus à Feurs... une tourmente peut disperser les feuilles où sont tracés mes souvenirs. D'ailleurs, la science est so-. lidaire, un autre continuera ce que j'ai commencé. CHAPITRE I. DU NOM DES SEGUSIAVES. On lit, dans les Mémoires de César sur la guerre des Gaules, que parmi les alliés des Eduens figurait, en pre- mière ligne, un peuple qu'on appelait Segusiani. Ce nom s'était maintenu depuis la renaissance des lettres jusqu'à forum qui n'a pas d's. Je crois qu'il faut conserver l'ancienne orthographe, d'a- bordparce que l'usage l'a consacré ainsi, ensuite parce que l's qui termine ce mot est le commencement de Segusiavorum qui lui donne son caractère ef le distingue de tous les forum connus.