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NÉCROLOGIE. 24? attachantes forcèrent h confianee publique et décidèrent sa renommée. C'est qu'ils sont rares les hommes doués comme lni ! tous ses malades devinrent ses amis, ses soins de toutes les heures les entouraient d'une telle solli- citude, qu'il était pour eux un père, un fils ou un frère. Leur retour à la santé lui donnait un bonheur plus vivement senti par l'homme de cœur que par l'homme de science, et ses revers, épines si douloureuses d'une pro- fession enviée, lui causaient une inexprimable affliction. Qui ne l'eût aimé? il n'avait pas besoin de vous dire ses sentiments, ils se lisaient sur sa figure, image fidèle de sa belle âme; on se sentait aimé et on l'aimait. Il était heureux, il doubla son bonheur en «'unissant à une bonne et charmante épouse. Mais cette félicité si bien méritée ne devait durer que quelques années, la mort l'interrompit. Je renonce à vous exprimer la douleur de notre ami, ses sou- venirs constants et passionnés.... Le temps enfin fit son œuvre, Dieu ne veut rien d'éternel que lui. Morel rendu à la vie sociale, à l'amitié, retrouva des jours paisibles. Ho- noré pour ses talents, recherché par ses qualités aimables, il était l'âme de toutes les réunions, où il portait une verve intarissable, d'inépuisables saillies, et dans lesquelles sa douce philosophie et son inoffensive satire s'épanchaient dans des vers improvisés et faciles (1) dont avec peine je rappelle le souvenir dans ce jour d'affliction. A ses utiles et brillantes qualités, Morel joignait aussi celle de bon citoyen. À une époque déjà reculée de nos dissentions civiles, vousvousrappelezsa con- duite qui fut admirée de tous, son empresssment à braver le danger pour porter ses secours aux blessés de ces sanglantes journées. On voulut faire va- loir ses droits à une récompense méritée, il refusa une honorable distinction dont l'origine eût trop coûté à son cœur de citoyen. Bien des années après, au moment où de nouveau le sol tremblait sous nos pas, on avait besoin pour les fonctions publiques d'hommes d'ordre, d'énergie et de cœur , ses concitoyens le nommèrent membre du conseil municipal. Mais je devance les événements et j'oublie que je ne voulais vous parler tiue de la vie intime de Morel. Les années cependant s'écoulaient, il voulut chercher encore un bonheur -déjà éprouvé ou sein du foyer domestique. Une nouvelle épouse, tendrement aimée, lui fit connaître les soins de la paternité. Cet ineffable sentiment dou- bla ses facultés aimantes; mais en même temps il lui créa des soucis ignorés. Content jusque là d'une modeste fortune acquise par une profession hono- rablement exercée, il rêva pour les nouveaux objets de son affection un ( l ) Uoe main amie a recueilli toutes les chansons du docteur René Morel, et se dispose à «n former un volume, dernier monument élevé à sa mémoire.