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238 UNE PROMENADE nade tumultueuse et bruyante du Corso. Un jour donc, par un belle après-midi du mois de mai 1850, je colportais mes rêve- ries sur le Campo Vaccine Je m'étais arrêté au milieu des fouilles nouvelles, exécutées entre le Capitole et le Palatin, et je faisais la réflexion que les archéologues et les médecins ont entre eux quelques points de contact. En effet, ils font de très-belles dissertations, les uns sur la position et la destination des mo- numents de l'antiquité ; les autres, sur le siège et la nature des maladies ; mais ensuite, si l'on procède à l'autopsie du sol ou du cadavre, tout l'échafaudage d'érudition et de science est dé- moli complètement. C'est un peu décourageant, mais c'est vrai, et les fouilles précitées semblent confirmer ce que j'avance, re- lativement à certains détails du Forum antique. Il s'étendait bien entre le Capitole et le Palatin, mais on pensait que la co- lonne de Phocas avait été élevée dans son enceinte, et l'on ne croyait pas qu'un monument considérable dût exister au cou- chant de cette colonne. Cependant les dernières fouilles ont mis à découvert un immense pavé de marbre et quelques pans de murs, qui indiquent l'existence d'une somptueuse construction. Bienheureux les archéologues', lorsque l'exploration du sol, tout en détruisant leurs illusions, leur fait connaître au moins, d'une manière un peu certaine, la destination des ruines étudiées par eux ! Ainsi la colonne corinthienne, isolée au milieu du Fo- rum moderne, avait passé — je ne sais pourquoi—pour un reste du temple de Jupiter Custos ; mais des fouilles, entreprises en 1813, ont mis à nu une base monumentale, sur laquelle est gravée une inscription qui ne laisse aucun doute, et apprend que cette colonne fut élevée en l'honneur de l'empereur Phocas, par l'exarque Smaragdus, lequel avait placé au sommet la statue de son héros, — auri splendore fulgentem, — probablement en bronze doré, l'an 608 de l'ère chrétienne. Tout indique, par le style, une époque bien antérieure au VIIe siècle. Cette colonne provient donc de quelque monument, auquel elle aura été sous- traite. On comprendra combien les archéologues avaient dû être déroutés, avant la découverte de l'inscription susdite (1). (i) Phocas , élu par les soldats mutinés, avait fait massacrer Maurice et