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212 NOTICE HISTORIQUE R. P. Ferrari, un des bibliothécaires de la Minerve, à Rome, sur un antique manuscrit appartenant jadis à une de nos abbayes de France, et la fit insérer dans l'Institut catholique. Plus tard, Audin étant revenu de Rome, où il avait fouillé les manuscrits des grandes bibliothèques, pour travailler à l'his- toire d'Henri VIII et de Léon X, établit quelque temps sa rési- dence à Lyon, et présida l'Institut catholique qu'il aimait. MM. de Ravignan et de Montalembert, passant par notre ville, la so- ciété, dont Audin était le président, voulut recevoir avec hon- neur ces deux princes de la chaire chrétienne et de la tribune politique. S. E. le cardinal de Ronald ouvrit ses salons pour re- cevoir la jeunesse chrétienne et les hôtes illustres qu'elle voulait honorer ; ils furent harangués comme ils méritaient de l'être, par l'historien de Luther, de Calvin et de Léon X. Les nobles paro- les, • les sentiments chrétiens qu'elles exprimaient touchèrent tous les cœurs. Le discours fut digne, et de ceux à qui il était adressé et de celui qui le prononçait. Ah ! Audin ne pensait pas que ce discours, empreint d'une éloquence si distinguée, de- viendrait le roc contre lequel devait se briser la chaîne qui le retenait encore bien loin de la sérieuse observance de ses de- voirs religieux. Audin était chrétien, Audin était catholique à cette époque ; déjà il avait élevé de ses mains de beaux monu- ments à la gloire de la religion qu'il vénérait, qu'il aimait du fond de ses entrailles. Mais il manquait encore quelque chose à cet éloquent apologiste de la religion. C'était, hélas ! ce qui manque encore à tant d'hommes distingués de nos jours, qui, dans leurs paroles, dans leurs écrits, réclament à grands cris la religion pour le peuple, et qui cependant ne donnent à ce même peuple, affamé selon eux de religion, que le funeste exemple de l'indifférence pratique. Il manquait au savant Audin ce qui man- que à cette multitude de prétendus amis de l'ordre qui nous en- vironnent de toutes parts, qui s'apitoyent sur l'irréligion mul- tipliant les crimes, les vols, les assassinats, les incendies et la mort. I! manquait à Audin la pratique religieuse. Deux admira- teurs h\ beau talent d'Audin, écoutant avec intérêt les belles paroles qu'il adressait à deux hommes illustres, s'apitoyèrent