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SUR J.-M.-V. AUDIN. 207 des routes, interrogeant les vieilles ruines qui se trouvaient sur son passage, questionnant les habitants des hameaux, des vil- lages, visitant les églises, les temples, les châteaux, les gites les plus modestes ; se faisant des amis des hommes instruits, des savants qu'il cherchait à connaître; fouillant les bibliothèques publiques et particulières, comme en prévision de ses futurs ouvrages. C'est avec la riche moisson, recueillie dans ces loin- taines pérégrinations , qu'Audin enrichissait de plus en plus les divers Guides du voyageur dans les différentes contrées de l'Europe, dont il donna de nombreuses éditions pour l'utilité des touristes à travers la France, l'Allemagne, l'Italie, la Suisse, Le fond de ces Guide-Bichard est emprunté de l'allemand Beichard, dont Audin a francisé le nom, par la suppression d'une lettre ; mais on comprend tout ce que son expérience lui a permis d'ajouter aux premiers éléments de ces livres utiles. Cela ne l'empêchait pas cependant d'écrire des livres plus sé- rieux, tels que l'Essai sur le romantisme que nous avons vai- nement cherché à Lyon, etl'Histoire de la Saint-Barthélémy'(1). Depuis que son esprit s'était enrichi de la connaissance vérita- ble des faits qui amenèrent une si sanglante catastrophe, cette histoire pesait comme un remords sur la conscience de l'auteur. En 1841, M. Audley ayant fait de cet ouvrage une critique légitime, insérée dans l'Université catholique, Audin fit parvenir au même recueil la lettre suivante .- « Monsieur, disait-il au rédacteur, publiée pour la première fois, il y a plus de vingt ans, et quand j'étais bien jeune , l'his- toire de la Saint-Barthélémy est un livre dont j'effacerais au- jourd'hui bien des pages. Alors, je ne connaissais qu'impar- faitement les travaux historiques de la France, de l'Italie, de l'Allemagne. La critique de M. Audley est juste. Il a raison de dire: A force de vouloir être impartial à l'égard du protestantis- me, ne faut-il pas craindre de tomber dans l'excès contraire ? Cet excès, je ne l'ai pas su éviter. Mais veuillez annoncer à vos lecteurs que je referai mon ouvrage, et que cette fois la vé- (i) Paris, 1829, i vol. in-S.