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PETITE CHRONIQUE LYONNAISE. 183 comptoirs, des vieilles administrations, ils trouveront peut-être quelque attrait à ces narrations rétrospec- tives. Autrefois il y avait peu ou point de journaux; d'aucuns disent que ce n'était pas un mal. Je ne veux pas en médire, puisque je m'en sers; il en résulte que l'on s'é- crivait plus longuement, et que de chaque endroit où se trouvait une personne amie, on recevait un journal ma- nuscrit au lieu d'une feuille imprimée et timbrée. C'est ce journal, ce recueil de faits-Lyon que je livre à M. Boitel pour son Recueil. Isolées, ces lignes n'ont aucune valeur; réunies à l'intéressante collection de la Revue, elles en acquéreront peut-être aux yeux des col- lectionneurs par la toute-puissance de leur entourage. Je me suis permis d'ajouter quelques notes explica- tives et complémentaires que j'ai cru utiles à ceux qui ne sont pas au courant des biographies lyonnaises. A l'abri de ces précautions oratoires, je commence le journal. M()REL DE VoLEINE. 1714. 4 Juin. — Emotion populaire contre le sieur Marion, direc- teur de la fermé des octrois, qui réprimait trop sévèrement la contrebande, surtout celle des bouchers. On se porta sur la mai- son de la veuve Sorbiere, où il logeait, place des Terreaux. On a eu de la peine à dissiper cette émeute ; quelques personnes furent tuées à coups de fusils. L'appartement de Marion fut complet- tement pilié et dévasté, et lui se sauva par les toits. La veuve Sorbiere voulut déménager, le peuple lui aida. Le consulat fut obligé de rendre une ordonnance qui permit aux bouchers de faire entrer sans octroi. Le 20 juin, le maréchal de Villeroi, gou- verneur, arriva et l'ordonnance du consulat fut révoquée. Coste-