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                     DE NOS HOSPICES CIVILS.                      173
    > Enfin ne sait-on pas combien il est difficile d'obtenir le con-
    >
cours, dans une même délibération, du prêtre catholique et du
ministre protestant ? et ces tentatives de miscuité, conçues dans
des idées de tolérance réciproque, ne deviennent-elles pas des
chimères, quand il faut des théories descendre à l'application ?
    « Par leur nature, par la mobilité et la diversité de leur origine,
les nouveaux Conseils d'administration n'offriront jamais qu'un
incohérent assemblage ; les membres qui les composeront seront
animés sans doute d'intentions droites et pures ; ils auront été
choisis parmi des hommes habiles et éclairés ; ils n'en resteront
pas moins frappés d'impuissance, parce qu'il leur manquera la
condition sans laquelle les assemblées restent paralysées, l'unité
et l'esprit de corps.
    « Est-il besoin maintenant de s'arrêter aux déplorables con-
 séquences que la loi projetée doit amener avec elle, et ce tableau
ne peut-il pas être tracé par un trait unique : c'en est fait du
progrès des Hospices de Lyon, et leur ruine est imminente ! !
    «Malgré les efforts des Administrateurs nouveaux, qui n'auront
plus les mêmes éléments d'action que leurs prédécesseurs, la
charité ne tardera pas à être bannie de ces asiles, et peu à peu
tous les emplois seront livrés à des mains mercenaires. C'est un
résultat auquel on ne pourra se soustraire. Quand une corpora-
tion fortement constituée ne sera plus là pour soutenir et diriger
les congrégations hospitalières dont elle gouverne l'assistance,
il ne sera plus possible de maintenir l'empire des idées reli-
gieuses, sans lesquelles ces congrégatione ne sauraient subsis-
ter ; les infirmiers ou infimières viendront prendre leur place ;
on ne pense pas qu'un gage, quelle qu'en soit la quotité, puisse
soutenir le zèle aussi puissamment que l'espérance d'une ré-
compense éternelle. Dans tous les cas, les malades auront perdu
leur plus douce consolation.
    «Les populations retireront leur intérêt à une institution dont
le caractère aura subi des altérations aussi profondes. Les Ad-
ministrateurs des hospices recueillent le prix du bien fait par
leurs devanciers ; ils sont investis d'une confiance sanctionnée
par les siècles, et la pensée de laisser à leur garde les valeurs
 données ou léguées favorise les libéralités : quand ils auront dis-
 paru, la sécurité sera amoindrie, les dons diminueront, et les
 richesses des pauvres auront cessé de s'accroître. »
                                            LÉON BOITEL.